Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE PRINCE DE BÜLOW

I
LA POLITIQUE INTÉRIEURE

Le prince de Bülow a occupé pendant près de neuf années le poste de chancelier de l’Empire d’Allemagne. Il n’en est pas de plus lourd en Europe par l’ampleur des attributions et l’ambiguïté des fonctions. Représentant de l’Empereur vis-à-vis des princes et du peuple, président de la réunion de fonctionnaires qu’on appelle le ministère prussien, responsable en réalité devant le souverain, en apparence devant le Reichstag, forcé de posséder la faveur du premier, obligé de redouter l’hostilité du second, le chancelier allemand n’est sûr du lendemain que s’il est maître du présent. Et, sous le règne actuel, le seul maître est celui qui écrivait naguère sur le livre d’or de Munich : Voluntas regis suprema lex.

M. de Bülow a duré plus qu’aucun de ses prédécesseurs, — Bismarck excepté. Il a fini pourtant par s’avouer vaincu. Il part en pleine force, comblé des marques extérieures de la confiance impériale qu’il semblait avoir perdue l’an passé, mis en échec par une Chambre dont il se croyait sûr, il y a six mois. Dans cette contradiction se résument les difficultés qu’il a surmontées neuf années durant et auxquelles il succombe aujourd’hui.


I

Quand M. de Bülow, le 18 octobre 1900, a été nommé chancelier en remplacement du prince Clovis de Hohenlohe Schillingfürst,