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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Notre nouveau ministère aura eu des vacances heureuses. Il annonce la bonne intention de faire de l’apaisement autour de nous ; on en a fait généralement autour de lui. Bien peu de ses devanciers ont eu des débuts aussi tranquilles. Formé au moment même où la session parlementaire prenait fin, son seul acte politique jusqu’ici a consisté à lire le décret de clôture, après quoi il a pu se recueillir et préparer au milieu d’un grand calme ses projets pour la session prochaine. Alors viendra pour lui l’épreuve décisive.

En attendant, ceux de ses membres qui ont pris la parole en public ont dit de fort bonnes choses, et si nous ne connaissions pas par expérience la vanité des mots, nous serions pleinement rassurés sur l’avenir de la République. Ainsi M. Millerand a fait appel à tous les républicains, et même, a-t-il dit, à tous les bons Français, qu’il voudrait associer à une œuvre commune. Reste à connaître l’œuvre qu’il a en vue ; alors seulement on pourra juger si tous les bons Français peuvent vraiment s’y associer. N’importe ; ce langage fait plaisir à entendre ; il flatte l’oreille ; il nous change ; il nous fait voir M. Combes, et même M. Clemenceau, dans un passé assez lointain. On pourrait relever d’autres symptômes du même genre, par exemple la réponse que M. le président du Conseil a faite au maire et à la municipalité de Toulon, qui s’opposaient, dans l’intérêt du commerce de la ville et plus particulièrement dans celui des marchands de vin, à certaines mesures militaires que M. le ministre de la Marine était soupçonné d’avoir l’intention de prendre : il s’agissait, croyons-nous, de déplacer quelques unités de l’escadre de la Méditerranée. Mesure toute naturelle : l’état actuel de nos amitiés et de nos alliances permet, en effet, de voir ailleurs le danger éventuel, ce qui peut amener quelques changemens