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moi un plaisir de vous informer que cette expression mutuelle est des plus agréables au gouvernement des États-Unis ; car elle est la résultante des heureuses relations entre les deux pays et elle fournit l’occasion d’une affirmation concise et mutuelle de la politique commune que les deux gouvernemens ont si fréquemment déclaré poursuivre en Extrême-Orient.

Je suis heureux de pouvoir confirmer à Votre Excellence, de la part des États-Unis, la déclaration des deux gouvernemens.


Et le secrétaire d’Etat reprend ici à son compte, mot pour mot, les cinq propositions mentionnées par l’ambassadeur.

Ainsi les deux gouvernemens sont parfaitement d’accord en tout ce qui concerne le développement de leur politique et de leur commerce « dans la région de l’Océan Pacifique. » L’Europe applaudit à cet arrangement ; il recueille l’approbation de la presse américaine, des journaux japonais. L’ambassadeur du Mikado déclare officiellement « que ce qui vient de s’accomplir est une transaction entre loyaux amis, qu’il a l’espoir sincère de voir les deux peuples partager la confiance mutuelle des gouvernemens, que le plus bel avenir s’ouvre donc aux relations d’affaires et aux rapports d’amitié. »

Et il en serait ainsi, en effet, si tout dépendait du commerce et de la politique ; s’il n’existait pas aujourd’hui des aspirations sociales d’un ordre plus profond, plus irréductible ; si, les diplomates et les négocians ayant mis d’accord leurs visées ou leurs intérêts, il ne restait pas à satisfaire aux besoins du monde qui travaille, du peuple en quête de pain suffisant et de meilleures conditions de vie. En réalité, depuis un an ou deux, le gouvernement de Tokio, pour complaire à celui de Washington, avait bien pu déclarer que l’émigration de ses nationaux serait détournée de l’Amérique et dirigée vers la Corée, Formose, la Mandchourie ; cela n’avait guère ralenti leur mouvement vers les îles Hawaï ni vers la côte américaine. Et, de son côté, le gouvernement de Washington pouvait bien rappeler l’énergie de son attitude envers les menées anti-japonaises de San Francisco, ou même promettre pour l’avenir plus d’énergie encore ; il restait à savoir jusqu’à quel point les habitans de l’Ouest consentiraient à en tenir compte.

Le doute, sur ce dernier point, ne dura pas longtemps. Dès le commencement de janvier 1909, six semaines après l’échange des notes amicales, on apprenait que des projets de loi étaient soumis aux Chambres de Californie pour interdire aux