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JAPONAIS ET AMÉRICAINS
LES VRAIES DIFFICULTÉS

Parmi les différens problèmes qui se posent aujourd’hui devant la grande démocratie des États-Unis, toujours mouvante et en transformation comme la vie elle-même, le plus grave n’est pas celui des relations entre le capital et le travail, qui se montrent souvent tumultueuses comme ailleurs, mais que préservent du socialisme l’amour, devenu instinctif, de l’initiative et l’habitude invétérée de la décentralisation. Ce n’est pas non plus, malgré la corruption municipale de beaucoup de grands centres, le problème politique : les pouvoirs publics, ayant peu d’attributions, ne sauraient beaucoup nuire, même s’ils n’étaient pas garantis, comme de fait ils le sont, contre leurs propres excès par la vigueur non énervée de la fonction présidentielle, et par la vigilance toute-puissante de la Cour suprême. Inutile d’ajouter que les rapports entre l’Etat et les institutions religieuses ne présentent pas le moindre embarras, la règle consistant, depuis longtemps déjà, dans le respect mutuel et l’indépendance. Le vrai, le grand problème, aux États-Unis, c’est le problème des races, c’est la nécessité de garantir, coûte que coûte, le caractère national contre l’extraordinaire variété de peuples qui affluent chaque année de tous les coins de l’univers. La difficulté de l’assimilation varie, comme il est naturel, selon l’origine des immigrans. Sans entrer dans le détail d’une question qui à elle seule demanderait de longs articles, on peut d’une façon générale affirmer que tous les Blancs, spécialement du Nord-Ouest de l’Europe, deviennent dès la seconde génération, quand ce n’est