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venons-nous et où allons-nous ? » ayant conscience des responsabilités qu’il avait assumées et des fautes graves qu’il avait pu commettre, il cherchait « à s’élever au-dessus de l’étouffante atmosphère du monde pour parvenir à l’état de la contemplation pure. » Il lisait l’Imitation et avait, noté, entre autres passages, le suivant : « Stude cor tuum ab amore visibilium abstrahere et ad invisibilium te transferre. » Ce passage lui avait inspiré ces réflexions : « Plus on avance en âge, plus on est conduit par la nature même des choses à se détacher de la vie, et plus on éprouve la vérité de ce conseil. L’âme demande de l’espace pour déployer ses ailes et s’envoler dans l’éternité. » La mort de la princesse de Hohenlohe, survenue le 26 décembre 1897, avait mis le comble à sa tristesse. « Tout ce dont, au premier moment, on n’a point mesuré l’étendue, les pertes irrémissibles, écrit-il dans son Journal, la conscience que cette longue vie en commun s’est close pour jamais, tout cela pèse sur moi comme un fardeau dont la mort seule pourra me délivrer. »

Désormais, il répétera à tout instant : « La seule consolation que je voie à cet état de choses, c’est la mort. » Ayant remarqué en 1899 que son jour de naissance tombait le Vendredi-Saint, il s’en dit fort louché : « Il me semblait en effet qu’il ne pouvait mieux tomber, car maintenant ma vie est voilée d’une tristesse de Vendredi-Saint. » Son mot suprême à sa sœur, la princesse Elise, est un mot d’espoir et de confiance : « Notre seul refuge est dans la foi. »

Ces dernières citations révèlent un Hohenlohe humain, résigné et croyant, que nous ne soupçonnions pas.


HENRI WELSCHINGER