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Et c’est pourquoi, sachant toute gloire éphémère,
Porte auguste, tu sers d’entrée au cimetière.
Car la Mort est le seul vainqueur qui dure assez
Pour tes murs éternels de nos grandeurs lassés.


LES VASES DU CIRQUE


Aux temps impériaux des cruautés romaines,
On dit que, sous les cris du peuple souverain,
Les urnes de métal dont s’ornaient les arènes
Avaient pris lentement un son de voix humain.

Quand le velarium, jetant son jour rougeâtre
Sur les mille gradins du gouffre frémissant,
Mettait un ciel sanglant au vaste amphithéâtre
Dont le sol exécrable était aussi du sang ;

Quand les gladiateurs aux diverses armures,
Saluant le César de leurs prochaines morts,
Tombaient sur le tapis pourpré que leurs blessures
Etendaient à leurs pieds pour y coucher leurs corps ;

Quand le pouce abaissé des pudiques vestales
Abattait des vaincus le geste suppliant,
Que les blessés tordus de spasmes et de râles,
Et roulant sous le casque un regard effrayant,

Au charnier souterrain, terme des agonies,
Par les cordes aux crocs de fer étaient tirés.
Tandis que, sur le sang, l’écume et les sanies,
Les esclaves jetaient dessables altérés ;

Quand les fauves lâchés, lions, tigres, panthères.
Hyènes, léopards, jaguars, ours, éléphans.
Se déchiraient entre eux, et que les sagittaires
Transperçaient les derniers qui restaient triomphans ;