Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/447

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire, mais les réformes sont délicates : il est certainement mauvais que la même construction soit successivement suivie par sept ingénieurs. Tout le monde en est d’accord. Alors, pourquoi ?... Il est mauvais aussi que l’on attende jusqu’au dernier moment pour dresser les plans de détail, dont l’établissement est si important au point de vue de la succession logique des travaux et de l’utilisation de la main-d’œuvre... Et à Paris, serait-il impossible que l’on prît plus rapidement des résolutions aussi essentielles que celles qui visent l’appareil à gouverner la réfrigération des soutes et les installations électriques ?...

Quant aux malfaçons, on en éviterait le plus grand nombre si les ingénieurs pouvaient entrer plus avant dans les détails d’exécution des travaux, si les croquis préalables étaient mieux faits et si, dans les ateliers à terre, on avait plus grand souci de la précision. Que de pièces j’ai vues faire trois fois le voyage du d’Orvilliers à l’atelier, et inversement.

Oserai-je ajouter que, loin de contester l’intérêt de la présence des marins et des mécaniciens de la flotte à bord des navires en achèvement, on devrait au contraire les désigner plus tôt et prêter plus d’attention à leurs avis ? L’expérience prouve que la plupart des modifications qu’on leur refuse se révèlent, plus tard, indispensables. Les décisions à prendre pourraient d’ailleurs souvent être réservées au préfet maritime : c’est tout compliquer et tout retarder que de les demander aux bureaux du ministère, accablés de besogne. Il y avait autrefois dans les ports de guerre une institution excellente, le Conseil de construction, qui, recevant de Paris les plans et devis généraux, en surveillait l’exécution sur place avec le droit de décider de tous les litiges que pouvaient faire naître les progrès de la construction. Rétablissons donc ce Conseil.

Les méthodes d’administration ?... Hélas ! c’est tout de même que les méthodes de construction. Je ne sais pas qui eut le premier l’idée de supprimer partout le contrôle permanent des commissaires, administrateurs de profession, sur les procédés et actes administratifs des services techniques et d’attribuer ce contrôle nécessaire aux inspecteurs, — qu’on appela justement alors « contrôleurs, » — lesquels ne sont ni plus techniciens, ni plus administrateurs que les commissaires, mais dont la surveillance ne saurait avoir le même caractère de continuité. Ce qu’il y a de sûr, c’est que si le système actuel fait l’affaire des