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7 mars. — M. Z*** vient plus souvent à bord, depuis quelques jours. Nous l’en complimentons, et encore plus le service. Il nous dit que son travail de bureau, rédaction et passation de marchés, études de détail, notes pour la section technique ou pour la direction centrale des constructions navales, commence à diminuer et qu’il en est très heureux.

Le fait est que les choses vont un peu mieux, à bord. On entreprend le montage de l’abri de navigation de la passerelle, importante affaire. Les logemens prennent quelque apparence. Les derniers tuyautages arrivent sur le quai, puis sur le ras, puis sur le pont, après quoi, s’engouffrant dans la grande écoutille centrale, ils vont se perdre dans les fonds du bateau. Enfin M. F***, l’ingénieur de la maison S. H. sera ici demain. Les installations électriques vont marcher.

Profitons de la présence de M. Z*** pour lui demander quelques nouveaux renseignemens sur son personnel et sur les méthodes de travail. Dans les dessinateurs, me dit-il, nous comprenons des calculateurs, calculateurs sur formules établies déjà, bien entendu (notre homme de l’autre jour, l’auteur du d’Orvilliers, est de ceux-ci). Quant aux dessinateurs proprement dits, ils font, sur les indications de l’ingénieur, ou conformément à des types généraux admis, des tracés plutôt schématiques d’installations. Ces dessins, étudiés à bord par l’adjoint technique chargé de la construction, donnent lieu à des croquis à main levée dressés par les agens immédiats de cet adjoint technique, c’est-à-dire par des ouvriers qui savent un peu dessiner. C’est sur ces croquis cotés et qui tiennent un compte plus exact des circonstances locales que l’on découpe les gabarits en bois léger, quelquefois suivis de gabarits en tôle mince[1].

A propos du travail des ouvriers, M. Z*** dit qu’on fut obligé, à une certaine époque, — il ne saurait préciser exactement ; il n’était pas alors à Toulon, — d’embaucher rapidement un assez grand nombre d’ouvriers pour les constructions neuves. De là, près d’un tiers de non-valeurs dans les équipes actuelles.

  1. Peut-être prodigue-t-on les gabarits en bois léger pour les ouvrages en tôleries minces, à la bonne exécution desquels des croquis cotés devraient suffire. En revanche, quand il s’agit de pièces en métal épais, surtout de pièces de fonte, on ne saurait prendre trop de précautions : gabarits en bois, gabarits en tôle sont justifiés. Toujours est-il que les gabarits finissent par coûter cher, ne fût-ce qu’en main-d’œuvre. Il serait intéressant de savoir combien de milliers de francs ça représente dans une grande construction comme le d’Orvilliers.