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année, où ils se spécialisent soit pour les lettres, soit pour les sciences. Enfin, au terme de leur quatrième année, nouvel examen général pour l’obtention du certificat d’études secondaires, ès lettres ou ès sciences, sans lequel ils ne peuvent être admis dans les écoles supérieures.

Les écoles spéciales, telles que celles d’Agriculture, d’Arts et Métiers, ou encore l’Ecole vétérinaire, l’École normale de filles, admettent les élèves avec le certificat d’études primaires, en attendant que, pour quelques-unes, on élève le niveau jusqu’au certificat d’aptitude et même jusqu’au certificat d’études secondaires.

Comme on le voit, cette organisation rappelle d’assez près le système scolaire français et européen. Pour tout le reste, — l’hygiène, les jeux, les exercices du corps, — la pédagogie égyptienne s’est adressée de préférence au système anglo-saxon et lui a fait de larges emprunts.

La grande différence qu’il y a entre ses programmes et les nôtres, c’est que le grec et le latin en sont entièrement exclus. L’arabe littéraire remplace ces deux langues mortes. Il est enseigné par des professeurs soumis à l’influence d’El-Ahzar, mais on espère que leurs tendances se modifieront au contact des méthodes employées par leurs collègues européens. Comme le latin et comme le grec, l’arabe littéraire est une langue morte. Certains professeurs prétendent que les élèves ne tiennent pas du tout à cet enseignement ; ils vont même jusqu’à soutenir que s’il était facultatif, il serait, entrés peu de temps, abandonné comme inutile. Les partisans de cette opinion raisonnent par analogie. Ils rappellent que l’enseignement du turc ayant été déclaré facultatif à partir de 1887, l’étude en disparut rapidement des écoles, à telles enseignes que les enfans des familles qui sont ou qui se disent d’origine ottomane, ne l’apprennent plus. Sans doute, l’arabe littéraire est toujours la langue religieuse du pays. Mais il faut observer que cette langue n’est comprise à fond que par un très petit nombre de lettrés. De là à y renoncer complètement, il n’y a qu’un pas. Est-ce que la majorité des catholiques éprouve le besoin de savoir le latin ? De même pour les Juifs, les Grecs et les Russes. Ni les uns, ni les autres ne comprennent l’hébreu, le grec liturgique ou le russe ancien.

S’il en est ainsi, ce sont les langues étrangères qui formeraient, en Egypte, la base solide de l’enseignement littéraire :