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ni même très prochain, et qu’il fallait laisser aux passions contraires le temps de se calmer. Il semble qu’on l’ait compris à Constantinople, puisque la dernière note ne parle plus, dit-on, de l’intérêt qu’il y aurait à s’occuper du règlement définitif du statut crétois, et que la solution du problème est renvoyée à l’avenir. Rien de plus sage que cet ajournement.

En ce qui concerne la Macédoine, la note « remercie les puissances du retrait des agens civils et de la suppression du contrôle financier. » C’est là, en effet, une concession considérable qui est faite au gouvernement ottoman actuel, ou plutôt une grande marque de confiance qui lui est donnée. Nous ne rappellerons pas en détail l’histoire de la Macédoine depuis ces dernières années. Il suffit de dire que, sous le règne du dernier sultan, les promesses prodiguées à l’Europe n’étaient jamais tenues et que la bonne volonté des puissances était toujours déjouée par les inépuisables ressources dilatoires qu’Abd-ul-Hamid avait toujours en réserve. Pendant un temps, l’accord de la Russie et de l’Autriche dans les questions balkaniques dispensait presque l’Europe de prendre des initiatives : elle laissait d’ordinaire ce soin aux deux puissances, et se contentait en fin de compte de se rallier à leurs propositions. C’est ainsi que, à la suite de l’entente de Murzsteg, deux adjoins civils, l’un Russe et l’autre Autrichien, avaient été adjoins à Hussein Hilmi pacha pour contrôler l’exécution des réformes, et que la gendarmerie macédonienne avait été réorganisée par des officiers européens. Bientôt la nécessité de sérieuses mesures financières, ne fût-ce que pour assurer l’entretien régulier de la gendarmerie et de ses instructeurs, apparut à tous les yeux et, à la suite d’une forte pression exercée sur lui, le Sultan dut consentir à la constitution d’une Commission financière composée des deux commissaires étrangers déjà adjoints à Hussein Hilmi pacha et de quatre agens des autres puissances. Telles étaient, hier encore, les institutions internationales de la Macédoine ; la réponse ottomane à la note des puissances donne à croire qu’elles n’existent plus aujourd’hui. L’Europe, tenant compte de la transformation profonde qui s’est produite dans le gouvernement turc, renonce au droit de contrôle sur les réformes macédoniennes, licencie la Commission financière et rappelle les deux agens civils de la Russie et de l’Autriche-Hongrie. C’est là un véritable et sérieux succès pour le gouvernement, qui a raison d’en remercier les puissances. Mais la note turque « décline leur offre de bons offices en Macédoine, disant, au sujet des réformes prévues au traité de Berlin, que la Turquie, jouissant du