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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La session des conseils généraux s’est ouverte et close dans les conditions les plus discrètes. L’insignifiance de ces assemblées va chaque année en augmentant, ce que ne sauraient trop vivement regretter ceux qui sont, comme nous, partisans de la décentralisation. La plupart d’entre elles se contentent d’expédier, c’est-à-dire de consacrer par leur vote la besogne qui a été préparée dans les bureaux des préfectures, après quoi elles ont une tendance de plus en plus marquée à faire part au gouvernement, quel qu’il soit, de leur adhésion, de leurs félicitations et de leur confiance. Elles auraient exprimé ces sentimens à M. Clemenceau, s’il était resté au pouvoir ; elles les expriment à M. Briand, puisque c’est lui qui s’y trouve aujourd’hui. L’homme importe peu, la fonction est tout. Seul, dans ce concert, M. Sarrien a fait entendre une note différente, à la vérité très atténuée, et qu’il s’est appliqué tout de suite à atténuer encore davantage. « On s’est demandé, a-t-il dit, si un ministère présidé par un socialiste répondait bien à la situation parlementaire, et s’il pourrait donner au pays les garanties d’ordre et de sécurité qu’il a le droit d’exiger de tout gouvernement. » Il y a là un blâme timide, mais cependant perceptible, de la composition du cabinet. Nous ne saurions dire ce que comporte exactement la situation parlementaire, car elle est confuse, et, pour ce qui est du pays, de toutes les choses qu’il a incontestablement le droit d’exiger, il n’en exige aucune : la session des conseils généraux vient de montrer une fois de plus à quel degré d’inertie il est tombé. Aussi M. Sarrien, effrayé de l’audace avec laquelle il avait énoncé une opinion indépendante sur les hommes qui nous gouvernent, a-t-il eu hâte d’ajouter : « En ce qui me concerne personnellement, je n’attache pas aux étiquettes politiques plus d’importance qu’il ne convient. » Aimable scepticisme ! M. Sarrien aurait pu