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du monument élevé à Blanchard, dans la forêt de Guines ; — une autre, à Douvres, le point où il a atterri. Une troisième, et c’est justice, sera élevée, sur la pelouse de Bagatelle, à l’endroit où se sont faites, en public, sur le continent, les premières envolées d’aéroplanes exécutées par Santos-Dumont, les 23 octobre et 12 novembre 1906. Applaudissons à ces marques de reconnaissance et d’admiration, et n’écoutons pas les mauvaises langues qui voudraient nous persuader que l’Etat projette la commande d’un tableau où l’on verrait Blériot recevant à sa descente l’accolade de M. Fontaine, enveloppé, sur la falaise anglaise, dans les plis du drapeau national.


Si une expérience réussie apprend toujours quelque chose, il est rare qu’il n’en soit pas de même d’une expérience manquée. C’est le cas des deux tentatives d’Hubert Latham.

Laissons de côté les détails relatifs au premier vol, accompli le 19 juillet avec l’Antoinette IV, bien qu’on puisse dire qu’il a entr’ouvert la voie. Observons, cependant, que lorsque, à la suite d’un arrêt du moteur, à quelques kilomètres de la côte française, l’appareil tomba, il flotta, ce qui prouve au moins la grande stabilité des monoplans... sur l’eau, surtout quand on a eu soin de les munir de réservoirs d’air. Latham, on le sait, tranquille et souriant, assis haut sur son siège, pour éviter le bain de pieds fumait une cigarette en attendant les secours. Et que nos lecteurs veuillent bien ne pas croire, de notre part, à une plaisanterie de mauvais goût, lorsque nous parlons de la stabilité des monoplans sur l’eau. Qu’ils veuillent bien réfléchir à ce qui serait arrivé, à l’aviateur assez osé pour entreprendre la traversée avec un biplan, en pareil cas ? Pris dans le fouillis inextricable des montans et des tirans, un miracle seul eût pu le sauver, tandis que Blériot ou Latham, assis dans le baquet qui leur sert de siège, entre les deux ailes, devaient avoir leurs mouvemens libres, par conséquent une chance de plus de sauver leur vie. Du reste, les machines qu’a pilotées Latham, ne diffèrent guère, en gros, du Blériot XI que par la présence, à leur queue, d’un empennage vertical qui a pour effet d’assurer la stabilité de route et de faciliter les virages. Voici, d’ailleurs, les données les plus intéressantes de l’Antoinette VII, avec laquelle Latham a effectué sa seconde tentative :

Envergure : 14 mètres. Longueur totale : 12 mètres. Fuselage