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Comment finira cette controverse entre les partisans du multiplan et ceux du monoplan, l’avenir nous l’apprendra. Il se pourrait qu’il donnât raison aux deux écoles, et qu’on finît par reconnaître que les deux systèmes se valent, en ce sens qu’on doit user de l’un ou de l’autre suivant les circonstances et suivant les besoins. N’insistons pas davantage.

Revenons à L. Blériot et, d’abord, essayons de donner une idée de son aéroplane.

Capable d’affronter un vent de 6 à 7 mètres par seconde, car c’est un véritable oiseau planeur, l’appareil a, environ, 8m, 65 d’envergure, et 8 mètres de longueur totale. Le corps est représenté par un fuselage, poutre composée, en frêne et peuplier, avec tirans en cordes de piano, affectant la forme de poisson, le gros bout à l’avant, par conséquent. A la tête, se trouve une hélice Chauvière, de 2m, 08 de diamètre, en bois, deux fois plus solide, par suite de son mode de construction, que ne le serait la même hélice en acier fondu. Sa force de traction, en plein vol, est d’environ 50 kilogrammes. Derrière l’hélice, le moteur, les réservoirs d’essence et d’eau ; puis, avec les organes qui constituent ce qu’on appelle la direction, le pilote, protégé par la toile qui garnit l’avant du fuselage. Les ailes, en toile caoutchoutée, à peu près rectangulaires, de 4 mètres d’envergure chacune, de 1m,80 de profondeur environ, sont gauchissables ; leur angle d’attaque est de 7 à 8 degrés, et elles forment un V très obtus : c’est la disposition adoptée par les oiseaux qui volent par un beau temps. L’ensemble forme une surface sustentatrice de 15 mètres carrés. A l’arrière du fuselage, sous lui et portée par lui, se trouve une queue constituée par deux petites surfaces horizontales rectangulaires fixes, dont le rôle de sustentation est à peu près nul : placées symétriquement par rapport à l’axe de l’appareil, elles supportent le gouvernail de profondeur, formé de deux ailerons à peu près rectangulaires, mobiles autour d’un axe horizontal, placés à gauche et à droite des petites surfaces fixes. Si le tout ne représente pas admirablement une queue d’oiseau, dont la partie centrale est fixe, les parties latérales pouvant seules se relever ou s’abaisser à volonté, il faut renoncer à toute comparaison ! — Le gouvernail de direction, gouvernail vertical, naturellement, sorte de rectangle échancré placé tout à fait à l’arrière du fuselage, complète cet ensemble. Gauchissement et gouvernail horizontal sont commandés par des leviers montés