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conservateurs, sans tenir compte du projet gouvernemental et en cherchant des impôts nouveaux destinés à remplacer ceux qu’elle venait d’écarter : impôts sur les valeurs et sur les plus-values immobilières, droits d’entrée sur le café et le thé, impôts sur les lampes électriques, les allumettes, la parfumerie, etc. Le chancelier, reçu par l’Empereur à Wiesbaden le 18 et le 19 mai, répondit à ces initiatives en déclarant dans la Gazette de l’Allemagne du Nord : « Le gouvernement présentera son projet d’impôt sur les successions et fera tous ses efforts pour qu’il soit accepté par le Reichstag. En outre, les gouvernemens confédérés et le chancelier ne se laisseront imposer aucun projet d’impôt qui porterait préjudice au commerce et à l’industrie. » Cette résistance résolue était conforme aux intérêts de l’Empire : car les taxes inventées par la Commission étaient d’une puérilité fiscale sans précédent. Le 1er juin, les ministres de Finances des Etats confédérés réunis à Berlin venaient à la rescousse et rejetaient l’impôt sur les plus-values immobilières ainsi que le droit d’admission à la cote proposés par la Commission. Le 12, le Conseil fédéral écartait à son tour les droits sur les lampes électriques, les allumettes et la parfumerie, ainsi que les droits de douane sur ces divers articles. Le 15 enfin, le gouvernement faisait distribuer un projet définitif, maintenant le droit sur les successions avec certaines modifications d’application, introduisant de plus un impôt sur les polices d’assurance au-dessus de 5 000 marks et un droit sur les mutations de propriétés immobilières, abandonnant enfin l’impôt sur les annonces et celui sur l’électricité. C’était le dernier mot du chancelier avant la discussion en séance.

Le 16 juin, cette discussion s’engage. « N’oubliez pas, dit le chancelier aux conservateurs, que, même si vous triomphez, ce succès pourra être l’origine de graves défaites ultérieures par l’impression mauvaise qu’il fera sur le peuple allemand… » Un conservateur, M. Westdorp, répond aussitôt en combattant l’impôt. M. Spahn appuie M. Westdorp au nom du centre. M. Singer, socialiste, écarte aussi les droits de succession comme dérisoires. Le baron de Rheinbaben, ministre des Finances de Prusse, adjure la majorité de faire un sacrifice. Le duc de Trachenberg renouvelle cet appel. Le lendemain, M. Sydow, secrétaire d’Etat aux Finances, défend une fois encore les propositions du gouvernement et critique celles de l’opposition. Le 19, l’impôt sur