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Contre les lois du clergé, contre ces lois qui permettent de donner des bénéfices ecclésiastiques à des jeunes gens aussi peu doués de vocation et aussi peu préparés que possible à la vocation et qui permettent qu’il existe des abbés qui ne sont pas prêtres et des ecclésiastiques qui ne sont nullement d’Église, ils disent ; le Père Lejeune : « … le grand mal que font les pères et les mères quand ils obligent leurs enfans à l’état ecclésiastique sans vocation… ; » le Père Cheminais : « … des enfans mal nés, esclaves des passions les plus vives et les plus déréglées, insensibles à tous les mouvemens de piété et plus mondains que ceux qui vivent dans le monde… »

Fromentières : « Dans la distribution des charges et des dignités séculières la politique et le bon ordre des États demandent qu’on ne les donne qu’à ceux dont on reconnaît le mérite. Que doit-on dire des dignités ecclésiastiques et avec quelle circonspection ne faut-il pas examiner la vie, les mœurs, la pureté et la capacité de ceux qui prétendent les posséder ? » Or, « avant que vos enfans puissent parler, vous les destinez à certaines conditions. Vous dédiez cet enfant aux autels parce que vous espérez que le prince, ou un parent, le chargera bientôt de bénéfices. Vous destinez cette fille à la religion sans la consulter, ou plutôt vous l’y condamnez, vous l’égorgez toute vivante pour décharger votre famille… Voilà une étrange vocation ! »

Bourdaloue : « Comment voulez-vous que des gens qui n’ont ni grâce, ni vocation pour un état y soient fidèles à leur devoir ? que la même cupidité, la même ambition qui les y a fait entrer ne les porte pas à mille autres désordres ?… Il ne faut pas admettre inconsidérément dans les dignités ecclésiastiques des gens dont on n’aura examiné ni la maturité de l’âge, ni la disposition de l’esprit, ni l’assiduité au travail, ni l’exemple d’une bonne vie. »

Sur les abbés commendataires, et le scandale qu’ils donnent, ils disent ; le Père Nicolas : « Où trouvera-t-on des bénéficiers qui, pour conserver la foi, renoncent à ces prieurés ou à ces abbayes de commande que la simonie a mis dans leur maison comme un patrimoine et dont la faveur du prince les a chargés sans mérite et sans vocation ? »

Le Père de la Roche : « Pour ces bénéfices simples et commodes qui font vivre de l’autel ceux qui ne servent jamais à l’autel, qui lient à Jésus-Christ sans détacher du monde, qui