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ou lire les derniers articles des journaux et des grandes revues européennes. À la fusée brusque des rires, au bourdonnement perpétuel des conversations, à la ferveur studieuse des isolemens, on sentait tout de suite, que, dans cette Thélème orthodoxe, on fuit sa joie de la science et de l’intrépide examen de tout ce qui touche à la science.

Bien que l’Ordre des Frères prêcheurs ait des devoirs stricts qui passent avant le reste, leur maison de Jérusalem est, dans sa destination première, une maison savante.

En ce moment, elle compte une quarantaine d’étudians, venus à peu près de tous les pays occidentaux. Son but, très nettement défini, est de « former des professeurs d’Écriture sainte, des conférenciers et des écrivains qui soient au courant de l’état actuel des controverses bibliques[1]. » Pour se convaincre que ces généreuses ambitions se sont, autant que possible, réalisées, il n’est que de consulter la liste des cours professés à l’École Saint-Étienne. En voici un aperçu, dont j’emprunte l’essentiel au programme des études pour l’année scolaire 1907-1908 : outre les obligatoires leçons de théologie, conférences sur Les Évangiles synoptiques, sur Le deuxième livre de Samuel ; conférences de géographie sur Le Sinaï et le pays à l’Est du Jourdain, sur La topographie de Jérusalem dans l’Ancien Testament ; conférence d’archéologie sur La Mosaïque de Maddba ; conférence d’histoire sur Les usages et les mœurs des Bédouins et des Fellahs ; leçons d’épigraphie sabéenne, de langue hébraïque, arabe, araméenne, assyrienne et copie. En plus de ces cours, des promenades archéologiques ont lieu toute la semaine, et, une fois par mois, des excursions qui durent la journée entière. Enfin, chaque année, l’École entreprend des explorations d’étude, sous la conduite de ses maîtres les plus autorisés.

Parmi ces maîtres, il en est d’éminens, dont la compétence est appréciée par tous les corps savans d’Europe. Si désireux que je sois de ménager leur modestie, je ne puis me dispenser, du moins, d’apporter ici mon hommage au R. P. Lagrange, actuel prieur du couvent de Saint-Étienne et membre correspondant de l’Institut de France. À mon grand regret, je suis trop peu versé dans les doctes matières où il excelle, pour oser parler de ses

  1. J’emprunte ces lignes à un article publié dans la Revue de Jérusalem par le P. Rouillon, un des plus brillans élèves de l’École, à qui je ne saurais trop exprimer ma reconnaissance pour tous les services qu’il m’a rendus.