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désigne la plus douce et la plus humaine des sciences : celle des devoirs particuliers qui incombent au futur médecin dans l’exercice de sa profession. On lui rappelle que le savoir et l’habileté de main n’y sont pas tout, qu’il y faut encore de la conscience et de la charité ; qu’il y a des pudeurs qu’il ne doit pas inutilement blesser et qu’enfin, dans toute chair souffrante, il ne doit voir que la chair du Christ. J’applaudis à la pensée généreuse et si profondément chrétienne qui inspire cet enseignement, et je déplore avec le Père qu’il n’ait pas son analogue, — même purement laïque, — dans nos Facultés de France.

Comme nous venons de rentrer dans le collège, je le supplie de m’épargner la visite fastidieuse des dortoirs et des réfectoires. Cependant, je ne puis me dispenser de jeter un coup d’œil à la Bibliothèque, qui est une des plus considérables de l’Orient, où je trouve toutes les revues savantes et la plupart des ouvrages spéciaux. Mon guide me confie que l’Université Saint-Joseph possède non seulement cette riche bibliothèque, mais une imprimerie, munie de caractères latins el arabes. Outre un journal, El Bachir, une revue, El-Machriq, des Mélanges de la Faculté orientale, elle édite une multitude de livres de classe et d’érudition. C’est une occasion pour le Père Ray de m’énumérer les différentes écoles et les divers genres d’enseignement que centralise l’Université : d’abord le collège, qui se divise en internat et en externat, et qui comprend tout le cycle des études secondaires ; puis le séminaire, qui forme des prêtres indigènes pour tous les rites orientaux ; la Faculté de Médecine, où les cours sont confiés à des professeurs français, où les examens se passent devant un jury venu de la métropole et qui confère les mêmes grades que nos Facultés de France ; enfin une Faculté de hautes études, pour l’enseignement des spécialités orientales Les maîtres chargés de cet enseignement rédigent une revue, — ces Mélanges, dont il était question tout à l’heure, — où sont exposés les résultats de leurs travaux ; enfin, ils donnent des conférences publiques de vulgarisation… Les Jésuites ont donc créé à Beyrouth une véritable Université moderne, qui peut rivaliser avec celles d’Europe, pour l’intensité et l’ampleur du mouvement intellectuel.

Tandis que le Père m’instruit de tous ces détails, nous traversons de larges terrasses très ventilées, où des religieux lisent ou récitent leur bréviaire, puis d’interminables corridors décorés de