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FIGARO ET SES DEVANCIERS

III.[1]
VERS LA RÉVOLUTION


XI. — LA PAROISSE

Au milieu du quadrilatère formé par la rue Notre-Dame-des-Victoires, la rue Neuve-des-Filles-Saint-Thomas, la rue Feydeau et la rue de Richelieu, dans l’encadrement de somptueux hôtels, dont le temps avait noirci les larges pierres, s’élevait, avec son église et ses jardins, le cloître des Filles-Saint-Thomas. Le couvent lui-même avait comme dépendances plusieurs hôtels, où quelques gentilshommes et de riches bourgeois venaient faire leur résidence. Un de ces hôtels était attenant à l’église sur la droite, dans le fond de la cour ; la porte principale en donnait sur la rue Neuve-des-Filles-Saint-Thomas. Le 11 avril 1716 étaient venus s’y établir M. et Mme Doublet de Breuillepont.

Louis Doublet, trésorier général du duc d’Orléans, avait épousé, en 1693, Marie-Anne Legendre, fille du fermier général. Quand il mourut, en 1722, sa femme avait quarante-cinq ans. C’était une nature exquise, toute de sentiment. Son esprit orné et bienveillant retenait autour d’elle les personnalités les plus éminentes du monde des lettres et des arts ; elle aussi dessinait et gravait ; mais c’était sa bonté gracieuse qui captivait et groupait en une cour charmante de grands et de nobles esprits.

Parmi ces derniers, un jeune homme, nature rare par les

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 juillet 1909.