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à cause de sa situation, être cédée à la Lombardie, que ce ne pourrait être dans tous les cas qu’un sujet de discussion entre le duc de Modène et l’Autriche. Sur ce point aussi je fis les réserves les plus formelles.

Sur le quatrième paragraphe : « La Vénétie fera partie de la Confédération italienne, tout en restant sous la couronne de l’empereur d’Autriche, » l’empereur d’Autriche ne souleva pas d’objection. Je rappelai comme commentaire la comparaison que l’empereur d’Autriche avait faite lui-même à Villafranca, entre la position de membre de la Confédération italienne pour la Vénétie et celle du Luxembourg vis-à-vis de l’Allemagne. « Oui, dit-il, quelque chose de semblable. »

J’indiquai légèrement combien il serait dans l’avantage même de l’Autriche de donner des institutions plus libérales à la Vénétie, mais je n’insistai pas sur ce point, parce qu’il ne pouvait être traité dans les préliminaires, parce que je sentais ne pouvoir obtenir que des promesses sans valeur pratique et que j’aimais mieux ne pas aborder un point sur lequel j’aurais évidemment eu le dessous, et en réserver la discussion aux plénipotentiaires. Cependant, j’en fis l’observation et les plénipotentiaires pourront la soulever de nouveau dans les négociations avec la plus entière bonne foi.

L’Empereur répondit qu’il ne pouvait pas se lier les mains pour son gouvernement intérieur, ni abdiquer une part de sa souveraineté. « Mon intérêt, ajouta-t-il, est que les Vénitiens soient satisfaits, et ils le seront. »

Cinquième paragraphe : « Les deux souverains feront tous leurs efforts, excepté le recours aux armes, pour que les ducs de Toscane et de Modène rentrent dans leurs États, en donnant une amnistie générale et une Constitution. » C’est sur ce point que la discussion fut la plus vive, mais en même temps la plus nette.

L’Empereur ne voulut pas admettre les mots « sauf le recours aux armes, » disant que ce serait un appel indirect à l’insurrection des duchés de Toscane et de Modène et à la résistance des populations ; que ces restaurations étaient pour lui, non seulement une question de droit public, mais une question de conscience. « Je puis faire des sacrifices personnels et céder mes droits, mais je ne puis abandonner des parens el des alliés qui me sont restés fidèles. »