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des observations assez graves à faire sur la rédaction que vous m’apportez. »

Je proposai à l’Empereur de me permettre de lui lire l’ensemble des propositions, et de les discuter ensuite une à une, ajoutant que j’étais fort peu diplomate ; que je ne pourrais que lui apporter une très grande franchise dans l’expression des sentimens de l’Empereur mon cousin ; qu’avant tout, j’avais pour ordre de terminer d’une façon ou d’une autre ; que le désir de l’empereur des Français était évidemment de faire une paix acceptable pour les parties belligérantes ; que son désir était sincère de mettre fin à l’effusion du sang et aux sacrifices nécessaires à la guerre, mais que le sort des armes nous ayant été favorable, il devait profiter de sa position ; que le moment était unique pour faire la paix, l’honneur de l’armée autrichienne étant intact, quoiqu’elle eût été malheureuse ; que l’armistice conclu jusqu’au 16 août donnerait à la guerre une plus grande énergie, mais que, dans tous les cas, nous étions décidés à la mener avec plus de vigueur encore que dans le passé, en nous servant de tous les moyens que nous pourrions avoir à notre disposition.

Voyant que ces dernières phrases produisaient un effet pénible sur mon interlocuteur, j’ajoutai que je lui demandais d’avance pardon de ce qu’il pouvait y avoir de rude el de peu diplomatique dans mon langage, mais que ma position, le peu qu’il pouvait connaître de mon caractère, les circonstances graves où nous nous trouvions, et jusqu’à mon costume négligé et poudreux, me faisaient espérer que mon entière franchise ne le blesserait pas.

« Oui, dit-il, j’aime autant cela. J’en ai du reste donné l’exemple à l’empereur Napoléon ce matin, en lui disant nettement ce que je pouvais faire et les limites de mes concessions. Mais croyez, ajouta-t-il, que si vous avez une opinion publique et des antécédens à ménager, j’en ai autant de mon côté, et qu’ils sont d’autant plus exigeans que c’est moi qui fais tous les sacrifices. »

Sur le premier paragraphe : « les deux souverains favoriseront la création d’une confédération italienne, » l’Empereur dit qu’il ne tenait pas beaucoup à une confédération italienne, que cependant il l’acceptait.

Je répliquai que, du moment où il acceptait de favoriser le principe de la Confédération, seul point indiqué dans ces