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quatre pages de grand papier (format in-4o), contiennent tous les objets dignes de fixer la curiosité publique :

« Le premier de ces objets roulera sur les affaires politiques et autres relatives au gouvernement de tous les Etats de l’Europe. Les événemens les plus secrets y seront dévoilés et on y découvrira les ressorts cachés dont tant de princes se servent pour arriver à leur but.

« Le second renfermera les anecdotes courantes, les aventures singulières, les événemens plaisans, les soupers fins des agréables de Paris, les contes et les bons mots du jour.

« Le troisième sera purement littéraire. Il contiendra les nouveautés théâtrales et de petites pièces de vers qui n’ont jamais paru. »

« La nouvelle à la main, écrivent les Goncourt, entre partout, elle lève tous les toits : elle sait le dessous des masques, le dessous des cartes, le dedans des alcôves ;... elle est une puissance déjà, elle sera la presse. »

Par la petite poésie-réclame, que nous venons de citer, on a vu que les gazettes manuscrites remontaient pour le moins au commencement du XVIIe siècle. Les plus anciens spécimens, qui en sont venus à notre connaissance, datent de 1648. Ils se trouvent dans un énorme recueil conservé à la Bibliothèque nationale, formé de lettres de nouvelles adressées à divers personnages, notamment au chancelier Séguier et à la reine Christine. La première en est envoyée de Londres, le 14 décembre 1645, et raconte par le menu l’entrée dans la ville de l’ambassadeur moscovite. Service d’information privé ; mais dans le même recueil, de véritables nouvelles à la main partent de 1648. Toutes celles qui viendront après, jusqu’en 1789, seront sur ce même modèle : un petit in-4o, écrit généralement sur les quatre pages et contenant les faits du jour, tantôt politiques et militaires, tantôt mondains, littéraires, dramatiques ; le courrier des spectacles, des lettres et des arts.


IV. — UN BUREAU DE RÉDACTION

Une hirondelle ne fait pas le printemps, un rédacteur ne fuit pas un journal. Les nouvellistes se réunissaient donc à plusieurs pour la confection de leurs bulletins. Ils se mettaient en « branches, » pour reprendre leur expression, ou, comme ils