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tard, le gouvernement de Rome fait, lui, au contraire, tout ce qu’il peut pour augmenter et faciliter les relations commerciales, doter l’île de moyens de communication, l’assainir, en un mot mettre en valeur un sol généralement riche, mais qui n’est dans sa majeure partie qu’un vaste désert. La Sardaigne, certainement malsaine, ne l’est cependant pas plus que les autres îles de la Méditerranée, la Corse comprise. A partir du mois de juin, jusqu’en octobre et novembre, la malaria sévit sur le littoral, et même sur les plateaux mal drainés du centre. Seules, les parties les plus élevées de l’île en sont exemptes, ou à peu près. Les habitans du pays ne sont pas plus indemnes de la fièvre que les étrangers. Il semble que là, comme partout ailleurs, l’organisme humain, malgré une longue accoutumance, ne peut jamais devenir réfractaire à cette maladie. Dès l’antiquité, la Sardaigne avait une médiocre réputation de salubrité, et les fonctionnaires que Rome y envoyait en considéraient déjà le séjour comme une disgrâce, un exil ; ce point de vue n’a guère changé de nos jours.

Le gouvernement italien a récemment entrepris de grands travaux pour faire disparaître les marais, assécher les flaques d’eau croupissantes, refuge des moustiques, propagateurs du mal, d’après les nouvelles théories. Une somme de soixante millions de lires, répartie en dix annuités, est consacrée à cette œuvre de toute nécessité pour pouvoir régénérer la contrée, la première richesse d’un pays étant avant tout d’être habitable.

Au point de vue des moyens de communication, soit intérieurs, qu’il s’agisse de chemins de fer ou de routes, soit extérieurs, si nous examinons les services de navigation, peu d’îles sont aussi bien partagées que la Sardaigne.

Partant de Golfo d’Aranci au Nord, une voie ferrée à écartement normal s’en va à Cagliari (307 kilomètres) avec embranchement à Chilivani vers Sassari et Porto Torres (66 kilomètres). Sur cette artère principale viennent se souder des chemins de fer à voie large ou économiques, tels que ceux de Monti à Tempio, de Sassari à Alghero, de Chilivani à Virso, de Bosa à Macomer et Nuoro, de Porto Vesme à Iglesias et Décimo, de Palmas à Santandi, puis Cagliari est mis en rapport avec le Sud et l’Est de l’île par un chemin de fer allant aboutir, d’une part, à Sorgono au pied des dernières pentes du Gennargentu, et, de l’autre, à Tortoli sur la mer. Au total, il y a plus de 1 000 kilomètres de voie