l’organisation de la candidature. Et c’est parce que le voyage de l’archiduc. Albert à Paris, en mars 1870, lui a donné la conviction que la Prusse serait attaquée au printemps prochain, qu’il a envoyé Lothar Bucher à Madrid afin de brusquer l’événement et de déconcerter, par son attaque soudaine, l’attaque préméditée pour laquelle tout était prêt, diplomatiquement et militairement. »
Cette justification ne manque pas de vraisemblance et elle a été adoptée par un certain nombre d’hommes d’Etat et d’écrivains anglais. Plus tard, Bismarck, n’ayant plus besoin de cette thèse, l’a condamnée lui-même en termes sévères : « Figurez-vous, messieurs, ma situation si j’étais venu devant vous il y a un an, et que je vous eusse dit : — Il nous faut faire la guerre ; je ne saurais, il est vrai, vous en donner une raison bien précise ; nous ne sommes ni attaqués, ni offensés, mais la situation est dangereuse ; nous avons plusieurs puissantes armées pour voisines ; l’armée française se réorganise d’une façon qui est réellement inquiétante, je vous demande donc un emprunt de 200 millions de thalers ou de 500 millions de marks pour les préparatifs de guerre. — N’auriez-vous pas été très disposés à envoyer tout d’abord chercher le médecin (On rit) pour faire examiner comment j’en étais arrivé, avec ma longue expérience politique, à pouvoir commettre cette ineptie colossale de me présenter ainsi devant vous et de dire : — Il est possible qu’un jour, dans quelques années, nous soyons attaqués, c’est pourquoi nous devons dès à présent prendre les devans ; tombons vite sur nos voisins et taillons-les en pièces avant qu’ils se soient complètement relevés ! — En quelque sorte un suicide par la crainte de la mort. Et cela au milieu d’une situation toute satisfaisante, toute paisible, où personne n’aurait su quel pouvait être réellement le casus belli (9 février 1876). »
Il eût fallu, en effet, appeler un médecin si l’offensive tactique de Bismarck en 1870 avait été déterminée par la crainte d’une attaque de la France au printemps, car une telle crainte n’eût été qu’une folle hallucination. Bismarck était parfaitement informé des dispositions pacifiques de l’Empereur, surtout depuis que le plébiscite et l’interview de la Gazette de Cologne lui avaient appris, comme à toute l’Allemagne, que les miennes étaient encore plus certaines. Quels que fussent les sentimens belliqueux qu’à tort ou à raison on prêtait à l’Impératrice, il n’y avait pas à en tenir compte, car l’Empereur ne pouvait décider