Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 51.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Ancien Monde : « La réunion de cette conférence pourrait, peut-être, faire appréhender que nous poursuivons la formation d’une ligue contre des intérêts qui ne sont pas représentés ici. Il est donc nécessaire d’affirmer que, formellement ou implicitement, nous respecterons tous les intérêts ; que, dans la discussion des sujets politiques et commerciaux soumis à la conférence, il est dans notre intention de ne travailler contre personne, et que notre unique but est de réaliser une union plus étroite des nations américaines, en vue de leur bien-être et de leur progrès rapide ; l’accomplissement de ces desseins ne peut qu’être avantageux pour l’Europe et le reste du monde. » Une semaine plus tard, le 31 juillet, la conférence tenait une séance spéciale, plus importante encore, peut-être, que la première, pour recevoir le secrétaire d’État des États-Unis. M. Elihu Root venait, amené par un croiseur de la marine américaine, saluer au nom de la grande République de l’Amérique du Nord l’aréopage réuni à Rio-de-Janeiro. C’était la première fois que le gouvernement américain faisait une démonstration aussi solennelle. M. Root, dans sa réponse au discours de bienvenue que lui adressa M. Joaquim Nabuco, ambassadeur du Brésil à Washington, qui avait été élu président du congrès, s’attacha à dissiper les suspicions qu’avait pu faire naître la conduite, en certaines circonstances récentes, des Etats-Unis : « Nous n’aspirons à d’autres victoires qu’à celles de la paix ; à aucun autre territoire que le nôtre ; à aucune souveraineté autre que celle que nous exerçons sur nous-mêmes. Nous croyons que l’indépendance et les droits d’égalité du membre le plus petit et le plus faible de la famille des nations ont droit à autant de respect que ceux du plus grand Empire, et nous croyons que l’observation de ce respect est la principale garantie des faibles contre l’oppression des forts. Nous ne demandons ni ne désirons aucuns droits, aucuns privilèges, aucuns pouvoirs différons de ceux que nous concédons librement à toute République américaine. Nous désirons augmenter nos biens, développer notre commerce, croître en sagesse, en richesse et en intelligence, mais nous ne croyons pas que le vrai moyen de réaliser ces désirs soit d’abaisser les autres et de profiter de leur ruine ; nous croyons au contraire qu’en aidant nos amis vers une prospérité et un développement communs, nous pouvons tous devenir ensemble plus grands et plus puissans… Unissons-nous donc pour créer, maintenir et rendre