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aurait tort de pousser les choses à l’extrême et que personne, mieux que lui, n’était en mesure de juger les dispositions des Etats du Sud, et qu’il était convaincu que si la France comptait sur les sympathies de ces Etats, elle commettrait une grande erreur. » De Pétersbourg, Fleury ne fut pas moins sincère. En l’absence de Gortchakof, il avait vu le Tsar. Avant qu’il eût montré le texte de la demande de garanties, Alexandre entra dans une véritable colère. « Je m’étais donné beaucoup de peine pour éviter la guerre, vous la voulez donc ? » Et comme Fleury lui parlait de notre honneur, il riposta vivement : « Votre honneur ! et l’honneur des autres ? » Quand il eut lu attentivement la dépêche de Gramont, il se calma, mais il refusa d’intervenir de nouveau auprès de son oncle. Persuadé bien à tort que la renonciation était due à son influence personnelle, il ne voulait pas peser davantage sur le roi de Prusse, « dont la fierté était blessée et qui se trouvait, lui aussi, en face du sentiment national déjà froissé par la renonciation du prince Léopold. »


XI

En même temps que ces avertissemens salutaires, nous arrivèrent dans la soirée des nouvelles propices. Olozaga vint m’annoncer que son gouvernement lui avait envoyé son approbation, qu’il la notifierait au prince Antoine et ne s’occuperait plus de cette candidature. Cependant les choses n’étaient pas, en réalité, aussi avancées. Serrano admettait l’authenticité de la renonciation, mais Sagasta ne comprenait rien à ce qui s’était passé et attendait une confirmation par l’ambassadeur d’Espagne à Berlin ; de plus, il ne considérait pas comme sérieuse une renonciation n’émanant pas du prince lui-même. Des hommes d’État tels que Silvela avaient conseillé aux ministres de passer outre à la renonciation et de faire proclamer Léopold par les Cortès. « Il renoncera de nouveau si cela lui convient quand il aura été nommé, » disaient-ils. Serrano calma cette ardeur, l’insistance d’Olozaga et la menace de sa démission achevèrent d’en triompher. Nous qui ignorions ces circonstances, nous acceptâmes les assurances de l’ambassadeur et nous considérâmes la question comme close du côté de l’Espagne. On devine si je le remerciai chaleureusement. Je lui dis : « L’approbation du Roi ne nous est point parvenue, mais je n’en doute pas, et j’ai