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« Orléans m’appelle au secours…
Par saint Michel qui me protège !
Quand j’y serai depuis trois jours,
Les Anglais lèveront le siège !

« Nos rois, sur leur front vénéré,
Doivent montrer le sceau céleste :
Donc, à Reims, je vous sacrerai
Du nom de Roi — qu’on vous conteste !

«… Pourquoi, gentil Dauphin, pourquoi
Vous cacher derrière vos pages ?
Dans les plus simples équipages
Vous aurez toujours l’air d’un roi. »



 « Orléans ! Orléans ! nous te prendrons sans faute ! »
… Dans son armure blanche et sur son cheval blanc,
Jeanne, la sainte épée au flanc,
Tient sa bannière droite et haute ;
Et Glasdale l’insulte, orgueilleux mais tremblant…

Blessée, elle tomba… Lors, voyant sa bannière
Aux mains d’un écuyer flotter près du rempart,
Elle y court, saisit l’étendard,
Bondit sur les murs la première,
Et, là, cloue à ses pieds l’orgueil du Léopard.

« Montjoye et Saint-Denis ! » — Sur un pont qui chancelle
L’épouvante a poussé le flot des ennemis…
Le pont croule : Dieu l’a permis !
Mais Jeanne, la bonne Pucelle,
Pleure « sur ces Anglais que le ciel a punis ! »

Te Deum laudamus ! — La ville est délivrée.
— « Mon épée est sans tache et mon cœur sans remords…
« Je bouterai l’Anglais dehors, « Mais la vie humaine est sacrée !… »
Et la fille au grand cœur pleurait sur tous les morts.