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POÉSIES

JEANNE D’ARC


JEANNE D’ARC


Si l’on pouvait, parmi les siècles de l’Histoire,
Choisir un siècle, un jour, pour y vivre en héros,
On voudrait, chevalier, forcer la prison noire
Où Jeanne d’Arc souffrait pour un roi sans mémoire,
Et regardait la France à travers des barreaux.

* * *


La prisonnière songe, — et son passé l’entoure :
C’est le soir ; ses agneaux pleurent dans le bercail ;
Elle sait que la France attend qu’on la secoure ;
Elle entre dans l’Église ; et, là, l’humble pastoure
Illumine son âme aux lueurs d’un vitrail.

— « Le sang des morts t’appelle et ne veut plus se taire,
« Jeanne !… Prends cette épée ! et chasse le vainqueur !
« … Ils foulent vos labours, leurs chevaux d’Angleterre…
« Fille de paysans, sauve la bonne terre ! »
Ses yeux divins voyaient les rêves de son cœur.