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été loin d’écrire : le commis voyageur) de l’idée libre-échangiste.

Parmi les discours que contient le volume, deux ont été prononcés lors de son installation comme recteur de l’Université de Saint-André et de l’Université de Glasgow. Le premier, critique courtoise, mais acérée, d’un livre paradoxal et quelque peu bourru de M. Frédéric Harrison sur le choix des livres, semble sourire. L’autre discours, au contraire, est dans une note grave et légèrement pessimiste. L’orateur y discute la notion de Progrès et laisse, en concluant, dans l’esprit de ses jeunes auditeurs, un doute décourageant sur l’efficacité de l’effort humain.

En 1895, M. Balfour publiait le livre intitulé Foundations of Belief, qui produisit une émotion dans le monde philosophique et qui assure une place à l’auteur parmi les penseurs et parmi les écrivains. Évidemment, son premier essai dans ce genre, A Defence of Philosophic Doubt, ne l’avait pas pleinement satisfait. Il apercevait les défauts de cet ouvrage où les matières sont rangées en assez mauvais ordre et où l’expression n’est pas toujours claire. Plus d’une des théories scientifiques auxquelles il avait fait allusion et qui, en 1879, semblaient universellement acceptées, — par exemple, la théorie de l’éther et des atomes, — se trouvait, en 1895, absolument discréditée ou vivement contestée. Mais ce que M. Balfour reprochait, je pense, à son livre de début, c’est qu’après avoir beaucoup détruit, il n’avait rien rebâti. L’auteur avait cru y introduire une partie affirmative et, à son grand désappointement, cette partie affirmative, personne ne l’avait aperçue. Par le fait, ceux qui liront ce volume, aujourd’hui assez rare et qui n’a jamais été réimprimé, pourront constater que l’écrivain, après avoir formellement annoncé qu’il va ramasser les résultats positifs de sa longue investigation critique et proposer à son lecteur quelques vérités définitives, retombe aussitôt dans la critique des systèmes et n’en sort plus.

Le second ouvrage est bien supérieur au premier pour la méthode, l’ampleur des vues, le talent d’exposition. L’attaque contre les doctrines matérialistes y est mieux circonscrite et plus habilement dirigée. Je ne puis entrer ici dans la discussion ou même dans l’analyse détaillée de cet important ouvrage, mais je crois pouvoir dire, sans être accusé d’exagération, même par les adversaires philosophiques de M. Balfour, que son livre est le