Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/928

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

historique de la vie des Pères du Désert, du peintre florentin Buffalmacco, ni de frère Léon ou de frère Genièvre.


III

L’ouvrage de M. Lang, au contraire, avec la richesse et la nouveauté de son information, ne peut manquer d’avoir pour nous un intérêt historique tout particulier. Non seulement, en effet, nous sommes curieux d’apprendre l’opinion que s’est formée, sur la victime de Bedford, un compatriote de ce dernier, — encore que M. Andrew Lang soit, proprement, d’origine écossaise, et n’ait donc aucun ressentiment patriotique contre l’héroïne victorieuse d’Orléans et de Patay : — mais j’ai dit déjà qu’il y a plus de vingt ans que l’auteur du Mystère de Marie Stuart s’est mis à réunir et à confronter tous les documens, anciens et modernes, qui concernaient Jeanne d’Arc ; et comme les archives d’Angleterre et d’Ecosse renfermaient, elles aussi, nombre de ces documens, ignorés ou trop peu connus des historiens français, leur étude a permis à M. Lang de compléter ou de modifier, sur plus d’un point, les assertions émises naguère par les Quicherat et les Siméon Luce. Jamais encore, sans doute, aucun biographe de Jeanne ne s’est trouvé muni d’un appareil de témoignages aussi abondant, ni aussi varié. En attendant les découvertes possibles de l’érudition de demain, cette biographie anglaise de la Pucelle nous apporte le dernier mot de l’érudition d’aujourd’hui ; et si les jugemens qui en ressortent ne peuvent, certes, point prétendre à une valeur définitive, du moins ont-ils chance d’être les plus parfaitement appropriés à l’état présent de la science historique, au sujet de l’une des périodes les plus mémorables de toute l’histoire de notre nation.


Sur le rôle de Jeanne d’Arc, en général, le jugement de M. Lang est formel : l’auteur anglais tient ce rôle pour « miraculeux, » à la fois par l’importance politique qu’il a eue et par les conditions où il s’est produit. Voici, d’ailleurs, en quels termes M. Andrew Lang, dès le début de son livre, définit le caractère et l’action de son héroïne :

Le nom et la gloire de la Pucelle d’Orléans sont, comme on l’a dit de l’arc-en-ciel, « dans le catalogue des choses communes : » nous avons été, de tout temps, si accoutumés à eux que nous avons besoin d’un effort d’imagination