Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/663

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Telles étaient les basiliques de Binbirkilisse (les Mille Eglises, vilayet de Konich). Construites en bel appareil, elles présentaient trois nefs voûtées en berceau et séparées par des piliers à colonnes engagées, un narthex flanqué de deux tours, une abside en fer à cheval, toutes les dispositions d’une église romane. Au même endroit s’élevait une petite construction octogonale probablement voûtée, type des nombreux « martyria » qui se répandirent dans toute la chrétienté. À Kosdcha-Kalessi, dans le Taurus, la voûte en berceau de la grande nef était interrompue par une coupole que soutenaient quatre gros piliers et qui était posée sur un tambour : quatre trompes d’angle encadrées de colonnettes formaient la transition entre le carré et le plan circulaire ; c’est le type de la basilique à coupole répandu plus tard dans l’art byzantin. Enfin, il n’est pas jusqu’à l’église en croix grecque dont on ne puisse saisir la trace dans des églises rupestres mal datées à la vérité. Toujours est-il que dès le IXe siècle, on trouvait en Asie Mineure des églises voûtées en berceau avec des arcs en fer à cheval et des coupoles sur trompes. Or aucun de ces élémens n’est hellénique.

De même, c’est de l’Orient que relève la sculpture des sarcophages du type dit d’Asie Mineure, que leurs motifs soient purement païens (sarcophage de Sidamara), ou appartiennent au christianisme, comme le fragment de Soulou-Monastir, qu’on a pu dater du IIIe siècle et qui représente le Christ jeune et imberbe, vêtu de l’himation hellénique, la tête aux longs cheveux bouclés entourée du nimbe crucifère. Sur tous ces sarcophages les personnages sont encadrés en quelque sorte sous des arcades ou des frontons supportés par des colonnettes au fût cannelé en spirale. Les chapiteaux et l’ensablement, au lieu, d’être modelés, semblent avoir été percés de trous à l’aide d’un foret. C’est une sculpture analogue à celle de Mschatta, avec un contraste voulu entre les parties éclairées et les parties sombres.

Ces découvertes ont montré la marche progressive des influences orientales vers l’Occident dès la fin de l’antiquité. Il n’est donc pas étonnant que la Syrie, moins bien hellénisée encore que l’Asie Mineure, ait été ouverte davantage à celle pénétration. Là l’hellénisme était représenté par la grande ville d’Antioche, qui hérita de l’importance de Séleucie. Sous l’empire romain, son palais, décrit par Libanius, a servi probablement de modèle à celui de Spalato ; ses larges rues bordées d’arcades