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au lieu qu’elle est plutôt détournée aujourd’hui des gros rendemens qui ne s’obtiennent que moyennant beaucoup de frais qu’on ne déduit pas dans le calcul de la perception de l’impôt. On pourrait d’ailleurs retrouver d’un côté ce qui manquerait de l’autre. Les Kabyles, qui sont les favorisés en Algérie et ne payent qu’une capitation légère ne dépassant pas 100 francs par tête quand elle atteint des millionnaires dont on rencontre quelques-uns en Kabylie, verseraient un plus fort contingent au fisc. Quant aux Européens, ils participeraient aussi aux charges publiques. Que si l’on juge que, pour le moment, une refonte complète est dangereuse, il est facile, du moins, de réaliser de suite des améliorations de détail. C’est ainsi qu’une commission spéciale, instituée à la fin de 1891 pour étudier cette question, a proposé de réunir le hokkor à l’achour et d’assujettir à ce dernier impôt les Européens cultivant en pays arabe. De même, tout troupeau élevé sur terres indigènes serait passible du zekkat, quelle que fût la nationalité de son propriétaire. C’étaient là d’excellentes mesures qui sont depuis 1893 malheureusement restées à l’état de projet.

Si encore ces impôts variés, mal répartis et excessifs, profitaient à l’amélioration du sort des indigènes ! Mais il n’en saurait être ainsi, l’organisation communale actuelle, en communes de plein exercice et en communes mixtes, n’étant pas faite pour assurer une équitable répartition des ressources du budget en faveur de ces derniers. Bien que dans les communes de plein exercice qui comptaient en 1902 564 000 Européens et 900 000 indigènes, ceux-ci soient en majorité, ils ne participent ni à la nomination du maire et des adjoints ni à la désignation des délégués pour les élections sénatoriales. Ce sont les municipalités françaises qui, en réalité, administrent seules, et il arrive parfois que les représentans de quelques douzaines d’Européens, comme par exemple dans la commune de Condé-Smendou qui compte 412 Européens pour 12 168 indigènes, ont en mains les intérêts moraux et matériels de plusieurs milliers d’indigènes. Cependant, ce sont ces derniers qui font vivre presque partout la commune de plein exercice. Les douars annexés au centre européen apportant leur contingent de taxes, de prestations, leurs parts d’octroi de mer grossissent d’autant les ressources de son budget. On a calculé qu’un indigène rapporte en moyenne deux francs à la commune dont il dépend, que les contributions