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10 hectares. Le montant de ces deux impôts est d’environ 50 francs par charrue. Le taux du zekkat est fixé uniformément à 4 francs par tête de chameau, 3 francs par tête de bœuf, 25 centimes par chèvre, 20 centimes par mouton. La lezma des palmiers varie suivant les localités de 25 à 50 centimes par pied. La capitation kabyle s’élève de 5 francs à 100 francs en passant par des taux intermédiaires, suivant les ressources des contribuables.

Et ce n’est pas tout. Au principal des impôts arabes se superposent des centimes additionnels. Les indigènes payent, en outre, la contribution foncière sur la, propriété bâtie et les centimes additionnels à cette contribution, l’impôt des patentes, les droits de timbre et d’enregistrement, sont soumis aux corvées, aux prestations, aux taxes municipales, aux amendes forestières, etc. En fait, on estime que sur cent millions payés en Algérie à l’Etat, aux départemens et aux communes par l’ensemble des contribuables, plus de la moitié est fournie par les indigènes. On a calculé qu’un Arabe de l’intérieur, domicilié en dehors des grands centres de colonisation, ne doit guère posséder un revenu annuel supérieur à 100 francs. Or, d’après les statistiques les plus autorisées, cet indigène acquitte au moins 50 francs en impôts de toutes sortes ; il ne possède donc en propre que 50 francs par an. Avec cette somme dérisoire, c’est souvent pour lui un insoluble problème que de se procurer, même dans les bonnes années, les moyens d’existence que son sol ne lui fournit pas.

Le fisc devrait devenir plus humain et abandonner, pour commencer, une part de ce gros morceau qu’on appelle les impôts arabes. Une métropole qui a conscience de ses devoirs ne peut, en plein XXe siècle, maintenir en l’aggravant par les centimes additionnels un système de fiscalité créé par Mahomet il y a mille trois cents ans et maintenu sous le régime turc. Il ne devrait y avoir en Algérie, qu’un impôt foncier rural frappant, sans distinction de race et de religion, ceux qui cultivent le sol, en prélevant par exemple 5 pour 100 du revenu net comme en France, et non pas 15 pour 100 et plus sur le revenu brut des indigènes comme en Algérie.

On pourra objecter, sans doute, qu’un tel dégrèvement ouvrirait un fort déficit dans le budget algérien, mais peut-être la perte serait-elle moins importante qu’on ne l’imagine. D’abord, l’agriculture indigène serait ainsi encouragée à devenir féconde,