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LES
RICHES DEPUIS SEPT CENTS ANS

IX[1]
HONORAIRES DES AUTEURS ET ARTISTES DRAMATIQUES


I

Il n’y a rien de surprenant, pour qui connaît les variations historiques de l’idée de propriété en fait de biens matériels, à constater la diversité des conceptions successives de nos aïeux en fait de propriété littéraire. D’abord, la pensée n’était-elle point chose trop noble pour être assimilée à une marchandise : lorsque Crébillon se plaignit qu’on eût saisi entre les mains des comédiens ses droits d’auteur de Catilina et, entre les mains du libraire Prault, la somme pour laquelle cette pièce lui avait été cédée, il fut rendu un arrêt du Conseil d’Etat qui déclara que « les productions de l’esprit n’étaient point au rang des effets saisissables. » Aujourd’hui, MM. les agens de la Société des auteurs dramatiques savent combien le contraire est vrai.

Ensuite, si l’œuvre imprimée appartient à son auteur, on ne peut dire que ce soit de plein droit, mais par la bonne grâce du pouvoir exécutif et policier ; témoin les « privilèges » accordés

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1908.