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moyen d’écarter le conflit, nous fûmes obligés de ne pas tenir compte de cette convenance.


IX

Pour donner plus de force à ses démarches auprès de Serrano et du roi Guillaume, Gramont sollicita le concours de toutes les puissances. Il télégraphia à Fleury : « Nous sommes persuadés que le Cabinet russe reconnaîtra l’impossibilité d’accepter une candidature si visiblement dirigée contre la France, et nous serions heureux d’apprendre qu’il veut bien user de son influence à Berlin pour prévenir les complications qui pourraient se produire à ce sujet entre l’Empereur et la Prusse (6 juillet). » A Malaret, à Florence, il télégraphie : « Demandez à M. Visconti-Venosta que l’agent italien à Madrid emploie ses efforts auprès des hommes politiques, et principalement auprès du Régent, pour le détourner d’une combinaison dont Prim seul a pris l’initiative si contraire à notre dignité et à notre intérêt[1]. » Il pria Metternich de demander à Beust « de vouloir bien faire comprendre à Berlin qu’en face de l’irritation nationale ici, on ferait bien, dans l’intérêt de la paix, d’engager le prince Léopold à refuser cette candidature[2]. »

Gramont se montra particulièrement pressant envers l’Angleterre dont il espérait un concours très efficace. Il indiqua à Lyons, comme une solution, que l’Angleterre pourrait conseiller l’abandon volontaire, par Léopold lui-même, de sa candidature, ce qui serait moins blessant pour la Prusse qu’un abandon exigé ou conseillé par le Roi[3]. « Cette renonciation volontaire de la part du prince, conclut Lyons, serait, dans l’opinion de M. de Gramont, une solution très heureuse de questions difficiles et compliquées, et il prie le gouvernement de Sa Majesté d’user de toute son influence pour l’amener. » Gramont télégraphia directement à La Valette, notre ambassadeur : « J’ai prié lord Lyons de demander à lord Granville que le gouvernement anglais voulût bien insister particulièrement auprès du Régent afin de le déterminer à séparer dans cette question sa cause de celle du maréchal Prim. Si, comme nous l’espérons, les

  1. 17 juillet.
  2. Metternich à Beust, 8 juillet.
  3. Lyons à Granville, 8 juillet.