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additionnels qui, venant se greffer sur nos quatre vieilles contributions directes, alimentent les budgets des départemens et des communes. On sait que les centimes, aujourd’hui, tantôt se rapprochent beaucoup du principal, tantôt l’atteignent, tantôt même le dépassent, de sorte qu’ils sont pour le contribuable la moitié de l’impôt. Cette seconde moitié n’existant, en quelque sorte, qu’en fonction de la première, on se demande ce qu’elle deviendra si la première disparaît. La première ne disparaîtra pas sans doute ; ce serait trop beau si un impôt quelconque disparaissait ; seulement, nos quatre contributions sont si profondément modifiées dans le nouveau système qu’on ne les reconnaît plus et que l’existence même des budgets départementaux et communaux en est compromise. Aussi, rien de plus sensé que l’amendement Mulac. Oui, certes, le Sénat le reprendra et lui fera un sort. Le plus sage de sa part sera d’attendre patiemment que la Chambre ait voté la seconde partie de la réforme avant de s’attacher sérieusement à l’étude de la première, car la loi qu’on lui renvoie est une loi d’ensemble ; elle ne peut vivre qu’à la condition d’être complète ; nous la défions bien de faire même un pas à cloche-pied. Le gouvernement l’a senti, quoiqu’un peu tard, et il a déposé sur les centimes additionnels un projet qui ne nous est encore connu que par les brèves analyses des journaux. Ce projet est compliqué, et il est à croire que la discussion en sera longue.

Cette difficulté écartée, ou plutôt ajournée, on en est venu au vote sur l’ensemble de la loi : nous en avons fait connaître le résultat. Avant le vote, un nombre assez considérable d’orateurs se sont succédé à la tribune, non plus pour discuter mais pour conclure, non plus pour faire connaître leur opinion qu’ils avaient déjà développée, mais pour la résumer en quelques mots. C’est ce qu’on appelle expliquer son vote. Ce défilé, qui n’est pas toujours intéressant, l’a été cette fois, et il ne pouvait pas en être autrement lorsque des hommes comme M. Jules Roche, M. Thierry, M. Charles Benoist, M. Raiberti, etc., y prenaient part. Les déclarations qu’ils ont faites, le premier surtout, sont des modèles du genre : il est difficile d’être en même temps plus sobre et plus fort. M. le ministre des Finances a compris que le retentissement de ces manifestations ne s’arrêterait pas aux murailles du Palais-Bourbon, et a cru devoir, puisque l’opposition expliquait son vote, expliquer aussi celui de la majorité. Il a naturellement affirmé l’importance de la réforme, et nous reconnaissons qu’il ne l’a pas exagérée lorsqu’il a dit que, depuis l’Assemblée constituante, il n’y a pas eu une autre Chambre qui ait