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hier. L’avenir prochain montrera à nos fils ce curieux spectacle : les théoriciens de la fausse démocratie moderne contraints de se renfermer dans la citadelle du cléricalisme… En face des dogmes nouveaux, l’alliance des hommes de l’Eglise et de ceux de la Révolution sera le fait de demain ! »

Woltmann qui fut un socialiste militant et resta jusqu’à un certain point fidèle aux convictions démocratiques de sa jeunesse, a été beaucoup plus conséquent dans ses appréciations ; il a toujours réservé aux dirigeans du parti avancé une place d’honneur dans le Panthéon germaniste. « Le mouvement ouvrier actuel, écrit-il, considéré au point de vue anthropologique, n’est que l’effort d’ascension de la couche supérieure et germanique au sein de la classe ouvrière vers le pouvoir et vers la liberté[1]. » Il estime aussi que Sieyès, Robespierre et Saint-Just étaient « tout autre chose que des brachycéphales mongoloïdes, » car ceux-ci seraient fort incapables de faire une révolution qui fût dans le sens du progrès historique universel ; or, tel est, à son avis, le cas de la Révolution française[2].

M. Reimer s’associe sans réserves à cette façon de juger. Du prolétariat socialiste, il approuve l’effort pour prendre une juste part à la vie supérieure de l’esprit[3], pour assurer la dignité de son existence : toutes propensions qu’il salue comme éminemment germaniques. C’est pourquoi, soucieux d’associer entre elles pour une commune action ces deux grandes forces morales de même origine à ses yeux, — impérialisme allemand de race, impérialisme prolétarien de classe, — il demande instamment aux ouvriers allemands de renoncer à l’internationalisme sans restriction, tel qu’ils le comprennent en ce moment.

Cet internationalisme égalitaire n’est à son avis qu’un « malsain universalisme, » héritage dangereux de l’idéal catholique qui fut vainement poursuivi par le moyen âge. Il faut que le prolétariat allemand se rallie à un internationalisme germaniste c’est-à-dire à ce principe que la communauté de race doit former la condition première de la véritable démocratie. Notre

  1. Politische Anthropologie, p. 294.
  2. Die Germanen in Frankreich, p. 114.
  3. Ein pangermanisches Deutschland, p. 296. Il est assez frappant que Lorenz Stein, dont les écrits enseignèrent à Marx les premiers élémens de la doctrine socialiste, ait déjà considéré comme germaniques en leur origine les revendications prolétariennes de notre temps. (Voyez Der Socialismus und Communismus des heutigen Frankreichs, Leipzig, 1842, p. 13 et suiv.)