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adeptes intéressés de cette religion conquérante ne sauraient témoigner assez de reconnaissance à l’homme qui en a de la sorte raffermi l’attitude présente et éclairé les perspectives d’avenir.


II

Rappelons en quelques mots l’ingénieuse doctrine de la sélection sociale naturelle. Les anthropologues de l’école aryaniste voient dans toutes les institutions sociales de l’Europe chrétienne des ennemies implacables de l’Aryen blond, des pieuvres monstrueuses qui ont aspiré son sang généreux, éclairci les rangs de ses familles et l’ont éliminé peu à peu des régions où il dominait jadis. Ainsi la sélection militaire a, depuis longtemps, supprimé avant l’âge les plus entreprenans et les plus courageux, parce qu’ils s’exposent davantage aux traits de l’ennemi. La sélection politique, c’est-à-dire la tyrannie des partis vainqueurs, les basses suggestions de l’envie ont fait périr les meilleurs citoyens, ceux-là mêmes que leurs vertus proposaient d’abord aux regards et aux coups. La sélection religieuse a jeté au cloître les âmes les plus nobles et les a privées de postérité par le règlement néfaste du célibat ecclésiastique. Enfin la sélection économique, qui donne la richesse aux plus doués, use leur descendance par le luxe et l’inaction délétère. Au total, si nous en croyons ces sélectionnistes imperturbables, toutes les institutions modernes, tous les prétendus progrès réalisés par la civilisation européenne ont tourné contre l’Aryen Germain, l’éliminant peu à peu par l’effet de sa valeur même et laissant par-là le champ libre aux Alpins médiocres et terre à terre. Ceux-ci ne triomphent donc nullement en vertu de leurs qualités personnelles, mais par un concours de circonstances indépendantes de leur volonté, par une sorte d’action toute mécanique de remplacement, comme le répètent leurs détracteurs avec insistance.

Tout cela est aussi convaincant que peuvent l’être des déductions statistiques, dont la base est encore fort étroite et le résultat très discuté. M. de Lapouge s’est fondé pourtant sur ces faits pour supposer dans le sein des nations européennes la très rapide substitution de la race alpine à la race aryenne, hier