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leurs canons, etc. Il n’est tenu aucun compte de la répartition géographique des forces considérées. Les distances respectives des bases navales aux lieux probables des batailles, les ressources de toute nature que ces bases navales peuvent fournir aux flottes sont cependant des élémens très importans de la puissance navale d’une nation.

Il n’est pas besoin d’insister sur l’intérêt qu’il y a pour une flotte à se présenter au combat avec des carènes propres, des soutes à charbon bien garnies et des machines récemment mises en état. Tout cela s’obtiendra d’autant plus facilement que l’arsenal servant de base sera plus voisin du champ de bataille. En rapprochant nos escadres des mers où elles auront vraisemblablement à combattre, en aménageant nos arsenaux de l’Atlantique et de la Manche en conséquence, nous augmenterons facilement la valeur militaire de notre marine et lui ferons regagner en partie le rang qu’elle a perdu.

C’est donc vers l’Atlantique et la Manche que doivent désormais être dirigés nos efforts, si nous voulons tenir compte des transformations survenues dans la répartition des forces navales étrangères, et être prêts à sauvegarder nos intérêts lorsque se résoudront les problèmes soulevés par les compétitions internationales de l’Occident.

Qu’a fait la France, jusqu’à ce jour, pour adapter sa politique navale à cette évolution qui s’est accomplie autour d’elle ?

A en juger d’après les actes, même les plus récens, il ne paraît pas que l’on ait réussi à prendre pleine conscience des nouvelles nécessités imposées à la France par le déplacement du centre des forces maritimes. Nous continuons à avoir dans la Méditerranée la plus puissante de nos escadres, et nous nous efforçons de donner un peu d’activité à notre arsenal de Bizerte. Perfectionner notre établissement naval dans la Méditerranée a été, pendant tant d’années, le souci constant de notre marine, et elle y a si bien réussi qu’elle semble ne pouvoir plus se détacher de son œuvre. Entraînée par l’effort qu’elle a dû faire pendant si longtemps, elle continue de répéter instinctivement le geste accoutumé, alors que les nécessités qui ont déterminé ce geste ont cessé d’exister.

En ce qui concerne notre établissement naval dans l’Atlantique et dans la Manche, on examine s’il ne conviendrait pas de supprimer, ou à tout le moins de diminuer un ou deux de nos