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pas du Roi. On visita les caves et les souterrains du Palais, et l’on ne trouva rien. Mais quelque chose de cette histoire avait transpiré dans le public, et il en résulta, pendant toute la séance, un trouble général qui nuisit à l’effet.

Le 12 novembre, à sept heures au matin, Louis XVI, escorté de ses frères, des grands officiers de la couronne et d’un immense cortège, quitta la Muette, en carrosse d’apparat, et suivit la route de Paris. Il traversa sa capitale parmi des acclamations enthousiastes et se rendit à la « grand’chambre » du Palais, qu’on avait disposée pour cette solennité. Il présida d’abord une assemblée particulière des princes du sang et des pairs du royaume, auxquels il annonça « sa résolution prise de rétablir dans leurs fonctions les anciens membres de son parlement : « Ce bienfait, leur dit-il, est une preuve de ma tendresse pour mes sujets, mais je ne perds point de vue que leur tranquillité et leur bonheur exigent que je conserve mon autorité dans toute sa plénitude. » Miromesnil prit ensuite la parole pour expliquer et commenter les mesures ainsi décidées. Louis XVI n’ajouta que ces mots : « Messieurs, je suis assuré de votre attachement et de votre zèle pour donner à tous mes sujets l’exemple de la soumission. » Après quoi, le grand maître des cérémonies s’en fut chercher les « officiers de l’ancien parlement » et, de la part du Roi, les invita à reprendre leurs places.

Les magistrats entrèrent, en grand costume, et reprirent en silence les sièges d’où, quatre années auparavant, ils s’étaient vus brutalement arrachés. Louis XVI s’exprima alors en ces termes : « Messieurs, le Roi mon très honoré seigneur et aïeul, forcé par votre résistance à ses ordres réitérés, a fait ce que le maintien de son autorité et l’obligation de rendre la justice à ses sujets exigeaient de sa sagesse. Je vous rappelle aujourd’hui à des fonctions que vous n’auriez jamais dû quitter ; sentez le prix de mes bontés et ne les oubliez jamais… » Après une rapide allusion à l’ordonnance destinée à prévenir le retour des anciennes révoltes, il concluait par ces paroles : « Je veux ensevelir dans l’oubli tout ce qui s’est passé, et je verrais avec le plus grand mécontentement des divisions intestines troubler le bon ordre et la tranquillité de mon parlement. Ne vous occupez que du soin de remplir vos fonctions et de répondre à mes vues pour le bonheur de mes sujets, qui sera toujours mon unique objet. » Cette harangue fut débitée posément, d’une voix nette,