Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/804

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AU
COUCHANT DE LA MONARCHIE


II.[1]

LES PREMIERS ACTES DU RÈGNE



I

La désignation de Maurepas comme directeur politique du royaume n’était pas faite pour soulever l’enthousiasme. Sans doute, dans le monde de la Cour, son nom était de ceux qu’on avait prononcés dès le premier moment, mais sans y croire ni le souhaiter ; et l’on souriait un peu de la confiance exprimée par Louis XVI dans les capacités, les « profondes connaissances » d’un homme que la génération nouvelle, avec un injuste dédain, considérait surtout comme un faiseur de bons mots, un persifleur divertissant, « le premier homme du monde pour improviser une parade » et jouer un rôle dans une comédie de salon. « Il semble qu’il n’y a rien de mieux à faire pour les Français que d’être doux, gais et aimables, » raillait Voltaire en commentant la décision du Roi. Un sincère étonnement, une déception légère, telle fut, dans les hautes sphères, l’impression dominante, que résume cette phrase de Mme du Deffand : « J’avais pensé, comme tout le monde, à M. de Maurepas, et je n’ai pas laissé d’être fort surprise à son arrivée »

  1. Voyez la Revue du 1er  février.