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FACHODA

II.[1]
LA CONVENTION DE JUIN 1898 ; L’INCIDENT DE FACHODA


IV

Marchand s’embarqua le 25 juin 1896. Bientôt, il commençait, à la tête de sa petite troupe, cette campagne admirable qui devait le mettre à un rang si élevé parmi les hommes d’action. La pensée gouvernementale le perdit-elle de vue, un seul instant, et l’abandonna-t-elle aux caprices de la fortune ? Ne se prépara-t-elle pas à l’heure critique de son arrivée ?

Il suffit de dire que la diplomatie française eut, pour idée directrice, de négocier avant que le choc se produisît, si le choc devait se produire. Encore fallait-il que les circonstances et la partie adverse s’y prêtassent.

Malheureusement, la crise des derniers mois de 1895 n’avait pas amélioré les choses entre les deux puissances, tant s’en faut. A Madagascar, la « prise de possession » ayant été déclarée, le plus simple était d’en finir et de mettre les puissances en présence d’un fait accompli. Cette décision avait même l’avantage de détourner les esprits des affaires du Nil. Le Cabinet Méline demanda donc, purement et simplement, aux Chambres l’annexion de la Grande Ile africaine (loi du 9 août 1896). Les puissances, l’une après l’autre, à commencer par les

  1. Voyez la Revue du 1er février.