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ouverte, elle deviendra la propriété des autorités locales, qui en réserveront l’accès, à certaines heures et deux fois par semaine, aux anciens propriétaires.

M. Mackenna était trop habitué à tirer juste, à trancher net. Les Eglises inquiètes ouvrirent des négociations et proposèrent une transaction. M. Asquith confia à M. Mackenna le portefeuille de la Marine, désigna un armateur pour remplacer ce juriste au ministère de l’Instruction publique, s’efforça, en rédigeant la troisième loi scolaire, d’éviter les écueils et de bien prendre la vague. Il fit aux partisans de l’instruction confessionnelle deux concessions également importantes. Dans toutes les écoles publiques, si des parens le demandent, le catéchisme sera enseigné deux fois par semaine, de 9 heures à 9 h. 45, aux frais des fidèles, par des maîtres spéciaux, ou par l’instituteur, s’il le demande. Les écoles libres recevront de l’État une subvention, qui sera portée de 58 fr. 75 à 62 fr. 50 par enfant. Les laïques anglicans repoussèrent la transaction rédigée par leur primat, l’archevêque de Canterbury. Et la troisième loi scolaire sombra. Ni un armateur, ni un juriste, ni un moraliste n’étaient parvenus à satisfaire les revendications protestantes, sans léser les intérêts anglicans et catholiques.

Cet échec a, évidemment, porté un coup sensible au prestige du Cabinet. Le Labour Party, partisan d’une laïcité et d’une neutralité absolues, n’a pas ménagé ses critiques. Les nationalistes irlandais ont, à plusieurs reprises, voté contre le ministère. Et, dans plusieurs circonscriptions, à Chelmsford, à Newcastle, notamment, la défection de catholiques et d’anglicans a entraîné la perte d’un siège. Il convient cependant de ne point exagérer l’importance de cette irritation ni la portée de ces désertions. Les écoles libres ne progressent pas. De 1901 à 1907, leur nombre est passé de 14 294 à 13 340, la moyenne journalière des présences de 2 545 000 à 2 317 000, tandis que les classes municipales enregistraient un accroissement de 504 000 enfans. L’Église anglicane traverse une crise. Le nombre des baptêmes baisse de 602 000 à 593 000, celui des communians de 2 223 000 à 2 053 000. L’effectif des catéchismes recule de 3 009 000 à 2 538 000. Les catholiques romains ne sont pas mieux partagés. De 4879 à 4907 leur nombre est tombé de 6 millions à 5 625 000 ; or, si l’on tient compte de l’accroissement de la population, ils devraient être 7 700 000. Soit une diminution de plus de 2 millions.