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Communes radicales, nous n’en trouvons plus que 49 et 34. En 1900, 223 députés, en 1907, 118 seulement portent un uniforme d’officier, dans l’un des corps de troupes dont se compose, soit sur le pied de guerre, soit en temps de paix, l’armée britannique. Le nombre des banquiers est tombé de 50 à 16, celui des agens de change de 10 à 7. L’effectif des maîtres de forges et des propriétaires de mines est passé de 28 à 21, tandis que le groupe compact des fabricans de boissons alcooliques voyait ses soldats reculer de 24 à 15.

En revanche, les avocats et les avoués conservent leur prépondérance (183 en 1900, 173 en 1907). Le Palais-Bourbon n’est plus le seul, où l’éloquence judiciaire revendique une redoutable hégémonie. Si les professeurs restent stationnaires (14), les médecins sont plus nombreux aujourd’hui, qu’il y a trois ans : 11 contre 8. Les publicistes ont fait d’importans progrès : ils n’étaient que 57 dans le Parlement conservateur, ils sont maintenant 80. Si les fermiers et les boutiquiers n’accroissent pas leur effectif, en revanche les ouvriers passent de 10 à 56. Les carrières libérales et manuelles se partagent les sièges enlevés à l’aristocratie terrienne et au monde financier.

La Chambre élue en 1907 est un Parlement de journalistes et d’avocats, de commerçans et de trade-unionistes, où un député sur cinq appartient officiellement à l’une de ces Eglises puritaines, qui forment, pour reprendre le mot de Carlyle, l’ossature religieuse, — the backbone, — de la nation anglaise.

Pour donner à ces chiffres un peu de vie, je voudrais pouvoir évoquer les couloirs des Communes, les bancs gothiques, les fenêtres à croisillons, les graves vitraux. Les redingotes ont disparu. Les « tubes » sont rares, et les « melons » fréquens. Les jaquettes passent pour élégantes et les vestons sont admis. Le chapeau mou a conquis droit de cité. Les châles des pauvresses ont fait leur apparition sur la terrasse de Westminster. Et tous les jours, des groupes d’ouvriers, en casquettes, arpentent la demeure historique dont ils ont, définitivement, forcé la porte. Les têtes grises ou chauves ne sont pas nombreuses sous le plafond aux lampadaires gothiques. Partout des visages jeunes et des silhouettes athlétiques. La Chambre anglaise n’a plus l’élégance dans la tenue, l’aisance dans les manières, la correction, dans les formes, qui convenaient au digne ancêtre du Parlementarisme. Une vie intense, — surtout aux débuts des sessions,