avaient surnommés les familiers de leur demeure. Le retour éclatant de M. de Maurepas à la tête des affaires, en rompant inopinément cette idylle attardée, provoqua d’abord les soupirs de la châtelaine de Pontchartrain : « Il n’y a plus de Baucis à Versailles, disait-elle mélancoliquement. Je ne vois plus M. de Maurepas ; tout ce travail le tuera ! » Ce chagrin, à vrai dire, sera de brève durée. Le jeu excitant de l’intrigue et l’enivrement du pouvoir la consoleront promptement de sa tranquillité perdue.
M. de Maurepas, pour sa part, ne traversa même pas cette courte période de regrets. À quitter le séjour d’exil, il montra autant d’allégresse qu’il avait, à le supporter, témoigné de patience et de résignation. Habitué dès l’enfance à regarder la politique comme son élément naturel, il s’y retrouvait avec joie et s’y mouvait avec la même aisance que s’il en fût sorti la veille. Ceux qui le virent dans ces premières journées le trouvèrent « rayonnant, » l’esprit libre, sans inquiétude. L’abbé Baudeau, qui le rencontra le 20 mai sur le « cours » de Versailles, fut frappé de sa tournure leste et de son allure dégagée[1]. Sa plume caustique le décrit alerte et pimpant, « bien rasé, bien poudré, bien rajeuni, ayant l’air de penser profondément à, rien. »
- ↑ Chronique secrète de l’abbé Baudeau. Revue rétrospective, t. III.