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AU
COUCHANT DE LA MONARCHIE


I

L’AVÈNEMENT DE LOUIS XVI



I.

La matinée du 10 mai 1774, à Versailles, s’écoula dans l’attente de l’événement qui ne faisait doute pour personne[1]. Louis XV, dans la nuit précédente, avait bien, il est vrai, repris un moment connaissance, mais c’étaient ces minutes de lucidité fugitive qui précèdent parfois l’agonie. Il était prêt d’ailleurs, pour le redoutable passage, sa maîtresse renvoyée, les sacremens reçus, les ordres donnés, de sa bouche, pour que son petit-fils, l’héritier de son trône, fût tenu éloigné du foyer d’infection qu’était sa chambre de mourant. Louis-Auguste, naguère Duc de Berry, maintenant Dauphin de France, se conformait, en sujet respectueux, à cette injonction suprême. Confiné depuis l’aube dans les appartemens de la Dauphine, avec quelques personnes de sa suite ou de son service, il guettait, plein d’angoisse, les messagers qui se succédaient d’heure en heure. Une seule fois,

  1. Pour les détails de cette journée du 10 mai, voyez les Souvenirs de Moreau, les Mémoires de Mme Campan, le Journal du duc de Croy, la Correspondance secrète de Mercy-Argenteau, publiée par le chevalier d’Arneth, la Correspondance de Mme du Deffand, etc.