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position sur le Nil, de manière à empêcher un nouvel empiétement des Anglais… Nous croyons que cette solution s’impose maintenant…[1] »

L’Afrique voyait surgir, au même moment, cette pléiade d’explorateurs qui, dirigés avec méthode, opérant avec une vigueur sans précédent, poussaient jusqu’aux extrêmes limites de l’audace la pénétration et la conquête françaises. Ce fut la page épique des dernières années du XIXe siècle. Après Brazza et Binger, Crampel, Mizon, Ménard, Monteil, Marchand, Dybowski, Maistre, Decœur, Alby, Baud, Hourst, Toutée, Liotard, Decazes, Julien… On ne peut les nommer tous.

Toutes les puissances africaines faisaient des efforts analogues, — mais pas toutes avec le même entrain, peut-être. Les uns et les autres voulaient arriver les premiers ; cette concurrence d’héroïsme était acceptée par l’opinion internationale, comme capable de tracer une première esquisse des futures délimitations. On ne parlait que d’ « hinterlands, » de « sphère d’influence ; » et ce n’est pas en France que ces mots furent prononcés pour la première fois.

Telles étaient les situations et les dispositions respectives quand fut mis sur le chantier le programme nouveau des négociations franco-anglaises, qui consistait à reprendre, par voie d’ententes particulières, le travail d’accord général qui avait si malheureusement échoué.

On détacha tout d’abord, de l’arrangement écarté, une tractation qui avait été soigneusement élaborée et, dès janvier 1896, un premier acte relatif aux frontières de Sierra Leone mit fin à de longues et pénibles contestations. On jeta aussi les bases de l’accord relatif au Siam, qui fut signé, quelque temps après, par M. Berthelot.


Des changemens de gouvernement s’étaient produits, presque simultanément, en France et en Angleterre. En août 1895, l’arrivée aux affaires du Cabinet unioniste réserva une influence considérable à M. Chamberlain. En France, Tananarive ayant été occupée le 1er octobre 1890, le Cabinet Ribot céda la place au Cabinet Bourgeois.

C’est le moment le plus critique des relations

  1. Bulletin de l’Afrique française, année 1895, p. 3.