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excitaient la résistance des Hovas ; en tous cas, une querelle économique subsistait sous la querelle politique.

Difficultés aux Nouvelles-Hébrides, difficultés à Terre-Neuve, difficultés au Siam, difficultés sur la côte des Somalis et rivalité d’influence en Abyssinie ; autre conflit en Indo-Chine, où les relations des deux puissances étaient en pleine crise à propos du Haut-Mékong et de la constitution du fameux « Etat-tampon, » qui, au dire de lord Rosebery, avait failli ouvrir les hostilités dès 1893. Il faut s’être trouvé dans cette situation presque désespérée, avoir manié, à la fois, tous ces charbons ardens, avoir assisté à cette explosion constante de pétards partant de tous les points à la fois, pour savoir combien il était difficile de s’avancer sur ce terrain brûlant, croulant et miné. Et la question égyptienne dominait tout, exaltait tout !

Or, l’idée maîtresse de la diplomatie française, en 1894, fut que cette question du Nil, nœud de toutes les questions pendantes, pouvait devenir, précisément, le nœud d’un arrangement général.

C’est ce qui fut indiqué, d’abord, en réponse aux observations présentées par lord Dufferin, et c’est l’idée que lord Dufferin, avec sa haute autorité, paraît avoir fait prévaloir auprès du Cabinet de Londres. Le principe d’une négociation d’ensemble fut accepté. Des plénipotentiaires furent désignés, de part et d’autre : c’étaient, sous la haute direction de l’ambassadeur, M. Phipps, ministre à Paris, esprit conciliant, mais avisé et extrêmement appliqué, et un fonctionnaire du Colonial Office, conseiller technique. Du côté de la France, le ministre des Affaires étrangères négociait en personne, assisté de M. Haussmann, directeur au ministère des Colonies.

De nombreuses conférences eurent lieu, pendant l’automne de 1894, au quai d’Orsay. Tous les dossiers relatifs aux questions d’Afrique, notamment, furent tirés des cartons et étudiés. Peu à peu, les solutions se dégageaient. De part et d’autre, les gouvernemens étaient tenus au courant et paraissaient se prêter à l’espoir d’un accord final.

Enfin, dans les derniers jours de l’année 1894, l’entente se précisa entre les commissaires ; un arrangement général sur les questions africaines et, notamment, sur la vallée du Nil, fut libellé, clause par clause, non sans instructions et autorisations préalables, bien entendu. De part et d’autre, de sérieux