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donne à la concession à laquelle elle se détermine la forme d’un contrat privé. Si elle recherchait la guerre, est-ce ainsi qu’elle procéderait ? Le vieil empereur François-Joseph ne veut certainement pas que la fin de son règne soit ensanglantée comme l’ont été le comment cément et le milieu. Ni lui, ni M. d’Æhrenthal n’avaient prévu, au moment de l’annexion des deux provinces, à quelles difficultés ils allaient avoir affaire. Ils se garderont bien d’avouer, mais on ne nous ôtera pas de l’esprit que maintenant qu’ils sont mieux instruits, si c’était à recommencer, ils ne recommenceraient pas. Dès lors, il y a bien des chances pour que la paix soit maintenue, et elle peut l’être par des négociations directes entre les puissances intéressées, négociations dont l’Europe tout entière aura ensuite à consacrer les résultats. Quant aux puissances dites désintéressées, le service qu’elles peuvent rendre est sans doute, quand les principes de l’accord auront été fixés, d’aider à en déterminer l’application pratique s’il se présente des difficultés nouvelles, comme cela est probable, comme cela est certain. Supposons, par exemple, que décidément on ne s’entende pas sur un chiffre à fixer. Telle ou telle puissance, ou la Conférence elle-même, pourrait être chargée de ce soin. La France aurait éventuellement dans une hypothèse de ce genre un rôle très utile à remplir, et elle n’y faillirait pas. Sa situation morale est excellente, parce que tout le monde sait qu’elle ne veut rien pour elle-même, et que le seul but qu’elle se propose est le maintien de la paix sur une base solide, c’est-à-dire par le respect des droits et le ménagement des intérêts de tous.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.