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Le programme qu’il a développé devant les électeurs a deux parties bien distinctes. Dans la première, il a énuméré une fois de plus les quatre grandes réformes démocratiques que le gouvernement a pris à charge de faire aboutir ; il n’a jusqu’ici réussi que pour la moindre, qui est le rachat de l’Ouest ; restent l’impôt sur le revenu, les retraites ouvrières et la juridiction militaire. M. Clemenceau a promis à ses électeurs que l’impôt sur le revenu serait voté par la Chambre dans quelques semaines, et les retraites ouvrières par le Sénat dans quelques mois. On sait ce que nous pensons de ces réformes : elles sont propres à inspirer les pires inquiétudes. Mais la seconde partie du programme de M. Clemenceau est fort bonne. Elle se rapporte aux mesures à prendre contre le désordre dans la rue et contre la propagande anti-patriotique et anti-militariste dans les esprits. Ici, M. Clemenceau a parlé comme aurait pu le faire M. Méline lui-même, c’est-à-dire fort bien, et nous serions tout prêt à applaudir à ses déclarations, s’il n’y avait pas chez lui quelque distance entre les paroles et les actes. Les paroles sont excellentes ; les actes se composent de la série de défaillances dont nous avons parlé. N’y a-t-il pas là une contradiction et une équivoque ? N’est-il pas à craindre que les résolutions de M. le président du Conseil ne trouvent leur limite dans les injonctions que les partis les plus avancés essaieront de lui imposer ? Ces partis déclarent bien haut que la victoire électorale du 3 janvier est leur victoire à eux et que, par elle, le pays a signifié au ministère que le moment était venu de parcourir au pas de charge une nouvelle étape dans ce qu’ils appellent la voie du progrès. Sans doute ils le disaient déjà avant le 3 janvier, mais les élections de cette journée leur donnent un argument de plus. Et c’est sous ces auspices que s’ouvre la nouvelle session.


On ne peut dire qu’une chose de la situation extérieure, c’est que. jusqu’à ces tout derniers jours, elle ne s’est pas améliorée. Au dernier moment, toutefois, une lueur plus favorable est apparue à l’horizon. Mais il faut procéder par ordre.

Nous avons rendu compte de la note que M. Isvolski a adressée aux puissances et du discours parlementaire qui en a été le complément et le commentaire. M. Isvolski a dit une chose très sensée, à savoir qu’il fallait négocier entre les puissances, et qu’il serait dangereux d’aller à la Conférence avant que l’état avancé de ces négociations eût montré que l’accord était possible, et sur quelles bases il l’était. Mais où en sont ces négociations ? Sans doute on les a ouvertes :