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obligés d’abandonner leurs charges. Les 44 000 livres furent en effet payées par une sorte de souscription ouverte entre les gentilshommes, qui comptaient bientôt les retrouver avec de gros intérêts ; car une fois relâchés, les deux frères, qui avaient de puissantes amitiés dans la province et à la Cour, refusèrent de démissionner. Ils possédaient encore leurs emplois en 1668, neuf ans plus tard par conséquent, à la grande indignation de tous les honnêtes gens. « M. de Comminges, écrivait de Toulouse à l’évêque, le 25 avril 1668, le promoteur Vincent Ragot, M. de Comminges m’a dit que M. l’intendant était déjà convenu qu’il fallait que tant le juge mage que le receveur quittassent leurs offices sans aucun espoir d’y entrer, et que ce qui restait à faire entre eux était la fixation de ces offices. Comme les choses sont en si bon train, il croit qu’il serait à propos que vous prissiez la peine de venir ici : ce serait un voyage de dix jours au plus. »

Pavillon reparut pour la dernière fois aux Etats du Languedoc, où il n’était pas retourné depuis 1660. Déjà, sur sa réclamation, le syndic de la province avait avisé le Conseil, qui, le 11 décembre 1668, au lendemain justement de la paix de l’Eglise, avait nommé de nouveaux arbitres et « commis M. l’archevêque de Toulouse, MM. de Nîmes et de Saint-Papoul, M. le marquis de Castres et M. de Bezons l’intendant, pour régler les différends des parties. » Ceux-ci dressèrent un jugement pour forcer les deux frères à se défaire immédiatement de leurs offices, et les Etats délibérèrent « que le dit jugement serait lu à la première séance des assiettes du diocèse d’Alet et de Limoux, et que M. de Bezons serait prié de tenir la main à ce que, pendant la tenue des assiettes, il ne fût rien fait au préjudice du dit jugement. » Les charges des deux frères furent en effet vendues, et l’évêque d’Alet prit la précaution de faire confirmer par le Conseil la décision des arbitres, ratifiée par les États, et de faire recevoir à la Chancellerie le serment du nouveau juge mage pour éviter les obstacles qu’il aurait pu trouver encore au Parlement de Toulouse et même aux Etats du Languedoc. Trois ans plus tard, en 1671, cette longue affaire commencée, à vrai dire, en 1641, n’était pas encore, après trente ans, complètement achevée, et toutes les restitutions au diocèse d’Alet n’étaient point faites, si bien que les Etats gênés sans doute par la vertu et l’intégrité de l’évêque d’Alet, par « sa